Cet article a été publié en mars 2007, sur le blog de l’Oasis de Mezgarne, notre ex-agence de voyage.
En le relisant, j’y vois des préoccupations qui sont devenues vitales pour le Maroc quinze ans après. Le stress hydrique n’est plus un souci de quelques écologistes dont les avertissements allaient contre le développement touristique, il est là, avec des coupures d’еаu et des problèmes graves.
Est-ce une vengeance des djinns dans les piscines ?
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La première fois que j’ai vu le désert, c’était il y a trop bien longtemps, en Tunisie. Une petite semaine de presque vacances, hors-saison, en fait j’accompagnais un prof invité là-bas, agréables moments, Tunis, Sidi Bou Saïd, la Goulette, et tout ça, et puis le week-end on descend au sud voir le sable.
Joli.
Grand.
Jaune.
Voilà, sans plus.
Retour le lundi à Paris, bon souvenir, j’avais préféré la plage.
Quand j’ai découvert le désert
La deuxième fois, c’est là que j’ai découvert le désert, au lieu de ѕіmрlеmеnt le voir. Ce fut en Afrique australe. Un grand voyage, un mois, dont environ trois semaines de semi-déserts ou déserts variés, s’enchaînant les uns derrière les autres, Karou, Damaraland, Moonscape, Etosha, et à un moment, au bout de dix jours de désert, l’arrivée sur la côté, à Swakopmund.

Nous n’avions jamais eu soif, bien sûr, notre bus était relativement climatisé (mais pas étanche à la poussière) et c’était l’hiver, donc conditions agréables.
Et pourtant je n’oublierais jamais l’émerveillement, de pouvoir simplement voir l’eau, cette grande étendue d’eau, de sentir à nouveau l’humidité sur la peau, le changement de la lumière, et notre joie à simplement nous promener sur la plage.
Le désert, c’est la sécheresse et l’absence d’eau. Sans le désert, il n’y a pas d’oasis, mais simplement un petit jardin normal.

Le rapport avec le djinn ? J’y viens …
Je vous de plus en plus d’hôtels ou d’auberges avec piscine dans le grand sud Marocain. Que ce soit à Merzouga, à M'hamid, ou même à Tazarine, il faut avoir une ріѕсіnе si on veut attirer les touristes. Et la même chose dans les riads de Marrakech, qui doivent se pourvoir d’un petit bassin, pour plaire.
Laissons Marrakech de côté pour l’instant.
La piscine en plein désert, ou à côté du désert, est une aberration écologique. Elle draine des ressources en eau qui seraient bien plus utiles ailleurs. L’eau d’une piscine, immobile, en plein soleil, s’évapore beaucoup plus vite que celle d’un petit cours d’eau. La piscine n’est pas adaptée aux conditions de vie du grand sud.
Le Maroc souffre de la sécheresse. Le sud est essentiellement alimenté par la fonte des neiges des Atlas, et les pluies, sauf quand elles sont meurtrières, comme à Merzouga l’année dernière, ne donnent qu’un apport complémentaire assez faible.

Et puis pourquoi va-t-on dans le sud ? Pour avoir chaud ? Ou pour vivre le désert, et aller à la découverte d’un autre mode de vie ?
On ne peut pas vivre le désert en se plongeant dans une piscine tous les soirs. Le désert vous prend peu à peu, en plusieurs jours, c’est un air sec et chaud, des bruits, du vent, une lumière. La piscine n’appartient pas au monde du désert.
La civilisation des seguias, des jardins et des fontaines
Toute la сіѵіlіѕаtіоn mаrосаіnе, arabo-andalouse et berbère, l’architecture, les jardins, les cultures traditionnelles visaient à économiser l’eau. Les fontaines dans les grands patios des riads, les canaux d’irrigation sont des petits cours d’eau, en mouvement, protégé par les plantes qui les ombragent. Le mouvement de l’eau et cette ombre diminuent l’évaporation.

Il n’y a pas d’еаu ԁоrmаntе au Maroc. On l’évite autant que possible, par superstition, car on dit que les djinns, ces esprits qui partagent le monde des homme, et qui peuvent être simplement farceurs ou carrément méchants, les djinns s’y cachent.
Et de la même façon, on faisait particulièrement attention au hammam… mais toujours on se douchait, toujours avec de l’eau propre, pour se protéger.

Alors, quand vous plongez dans une piscine près du désert, peut être un djinn viendra vous chatouiller les pieds !
Les piscines de Marrakech … sont une autre histoire.
Il n’y avait pas de piscine autrefois dans les riads. Ces « relativement » grandes réserves d’eau sont aussi un appel aux différents insectes et moustiques. Les quelques zones humides du Maroc, notamment du côté de Mohammedia et dans la région d’Agadir, sont des zоnеѕ avec une légère malaria, et des moustiques.
De la même façon, près des lacs de barrage, notamment à Ouarzazate, il peut arrivé d’être piqué par des « maringouins marécageux« , des bêtes dont le souvenir mettra peut être quelques semaines à vous quitter.
Les programmes de démoustication sont commencés, certes. Mais sans aller jusqu’à ce genre d’inconvénients, un riad avec une piscine attirera les moustiques… Préférez les riads avec les fontaines, les petits rus d’eau qui courent entre les quatre parcelles du jardin, représentant les quatre parties du monde et allez vous baigner le long de la côte, à Essaouira ou Oualidia !
Joumana Medlej est une artiste libanaise dont le site, Cedarseed vous occupera un long moment. Le djinn dans le hammam est extrait d’un de ses livres, sur l’huile d’olive.
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