Comment avoir des revenus de son travail au Maroc, sésame pour la carte de séjour ? Il y a trois statuts possibles :
- salarié
- entrepreneur, avec sa société
- auto-entrepreneur
Chacun de ses statuts a ses avantages et ses inconvénients, ainsi que des contraintes spécifiques pour les étrangers résidents au Maroc.
Être salarié au Maroc
Pour un étranger, être salarié au Maroc passe obligatoirement par un Contrat de Travail Etranger, ou CTE, qui doit être validé par le Ministère du Travail, via la plateforme Taechir.
Il n’y a pas au Maroc de visa de travail qui permette ensuite de travailler sans ce CTE. Même avec une carte de séjour de dix ans, le CTE doit être demandé à chaque nouveau contrat.
Les avantages d’un statut de salarié :
- en dehors du CTE, pas de complexité administrative
- une protection sociale (et éventuellement, en fonction de la société, une assurance complémentaire et une souscription à la retraite complémentaire)
- la possibilité pour les étrangers de bénéficier du mécanisme des économies sur salaire (et donc de transférer tout ou partie de son salaire sur un compte en dirhams convertibles)
Les inconvénients du statut de salarié :
- la nécessité d’un CTE et donc d’une attestation Anapec qui peut être difficile à obtenir pour les emplois où une qualification particulière n’est pas nécessaire
- une fiscalité lourde dès que l’on dépasse le salaire moyen
- une faible protection sociale
- des salaires relativement bas pour les contrats locaux par rapport aux contrats « expat »
Avoir une société au Maroc
Créer sa société au Maroc reste facile et peu coûteux. A l’exception de quelques activités réglementées (professions libérales essentiellement), il n’y a pas de contraintes particulières pour les étrangers, pas d’obligation d’avoir un actionnariat majoritairement marocain en dehors des exploitations de terrains agricoles.Et bien entendu, le gérant de société peut se salarier, sans avoir à recourir à la procédure Anapec ni au contrat de travail étranger.
Néanmoins, une société entraîne des coûts administratifs :
- siège social (qu’il s’agisse d’une domiciliation ou d’une location)
- comptable
- impôts sur le bénéfice, taxe professionnelle au bout de cinq ans
- compte bancaire professionnel
De plus, il faut avoir une connaissance de base de son environnement légal et fiscal. Un comptable ne peut pas « tout » rattraper. Si vous avez des salariés, vous devez aussi être conscient des bases du droit social marocain.
Enfin, être entrepreneur nécessite d’avoir des qualités « supplémentaires » par rapport à un salarié : en plus du savoir-faire, il faut aussi savoir démarcher, trouver des clients, être capable de faire face aux délais de paiements….
Les avantages d’avoir une société au Maroc
- vous pouvez commencer les formalités avant d’être résident
- c’est le moyen le plus sûr d’obtenir la carte de séjour si vous n’avez pas de qualifications particulières ou d’exemptions d’attestation Anapec
- vous pouvez optimiser une partie de vos revenus sous forme de dividendes au lieu de salaire
Les inconvénients d’une société
- des coûts administratifs annuels plus importants
- des risques fiscaux et sociaux si vous n’avez aucune sensibilité administrative
- un coût de fermeture équivalent à celui de la création
- pas de possibilité d’économies sur salaire
Être autoentrepreneur au Maroc
Le statut d’autoentrepreneur est le plus simple administrativement.
Mais il est réservé aux personnes étant légalement résidentes au Maroc, c’est-à-dire aux Marocains et aux étrangers ayant leur carte de séjour. Bien que des personnes aient réussi à renouveler leur carte de séjour avec un statut autoentrepreneur déjà existant, il est clairement dit sur le site officiel que ce n’est pas possible.
Pour la prestation de services, le chiffre d’affaire annuel est limité à 200.000 dirhams (soit 16.667 dirhams par mois). Si cela semble a priori un montant important, il ne faut pas oublier qu’aucune charge n’est déductible.
De plus, le chiffre d’affaire par client ne doit pas non plus dépasser 80.000 dirhams. Au delà, le client doit opérer une retenue à la source de 30%. Vous lui facturez 100.000 dirhams, vous serez payé 94.000 dirhams. Vous lui facturez 200.000 dirhams, vous serez payé 164.000 dirhams.
Enfin, les opérations d’import-export ne sont pas autorisées aux autoentrepreneurs. Bien qu’en pratique, la facturation de clients étrangers n’ait pas fait l’objet de contrôle ou de redressement, l’autoentrepreneur ne peut pas conserver 70% de ses rentrées en devises sur un compte en dirhams convertibles.
Dernier point, qui concerne les étrangers : la plupart ont d’énormes difficultés à obtenir l’activation de leurs droits CNSS.
Les avantages du statut autoentrepreneur
- la simplicité administrative
Les inconvénients du statut autoentrepreneur
- il ne permet pas d’obtenir ou de renouveler une carte de séjour
- il est limité à 200.000 dirhams / an et 80.000 dirhams / an et par client
- il ne permet théoriquement pas de faire de l’exportation
En conclusion, le meilleur statut dépend de votre situation
Marocain, sans besoin de carte de séjour, avec une activité avec un volume moyen, l’auto-entrepreneur est sans doute le meilleur statut pour un indépendant.
Marocain ou étranger, si vous pouvez obtenir un contrat de travail, le salariat est une voie sûre, mais qui ne vous permettra pas de faire fortune.
Etranger, la création de société reste la meilleure option pour pouvoir travailler et vivre au Maroc.
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