Après l’off-shoring et l’agroalimentaire, voici le troisième secteur porteur au Maroc : le conseil.
Je vous en avais déjà parlé plusieurs fois, pour vous expliquer comment trouver un emploi de consultant au Maroc, les possibilités pour un jeune diplômé marocain diplômé d’une école étrangère, et même pour diffuser une offre pour un chef de projet PCA/PRA. Aujourd’hui, je voudrais plutôt vous parler du métier de consultant en tant qu’entrepreneur, soit en freelance, soit avec une véritable structure.
Une forte demande de compétences
Le Maroc recherche avant tout des consultants expérimentés. Beaucoup de clients refusent les débutants (ou demandent qu’ils ne soient pas facturés, ce qui revient au même). Par contre, à partir du poste de manager, la demande est très forte, et dans tous les domaines.
Intervenir en tant que Chef de projet
La gestion de projet au Maroc demande les mêmes compétences que n’importe où, avec des enjeux supplémentaires.
Dans beaucoup de grosses structures, le mode de management est encore assez « traditionnel » avec peu de marge de manœuvre et un poids de la hiérarchie important. Les méthodes de type Agile sont un joli mot qu’on peut employer, sans les mettre en pratique. Si vous venez d’un contexte moins hiérarchisé, vous devrez vous adapter. Les validations, en particulier, sont souvent plus longues avec plus d’itérations.
Selon les clients et les profils, la taille de la mission, un chef de projet sera facturé entre 6.000 et 12.000 dirhams / jour hors taxe.
Consultant expert technique
Qu’il s’agisse de systèmes informatiques, d’expérience logistique, de compétences dans l’agroalimentaire, dans l’amélioration de la supply chain, dans la rationalisation de la production, dans l’amélioration de la chaîne de valeur, dans la sécurité, dans le BI, les compétences sont très demandées.
Depuis le Covid, les sujets de transformation numérique et de continuation d’activité prennent de plus en plus d’importance : comment faire pour organiser un travail à domicile pour une entreprise de service ou de production ? Que faire si une usine ou un fournisseur est fermé à cause d’un cluster ? Si un client annule sa commande ? Si vous êtes victimes d’impayés ?
Change Management
Les fonctions liées au Change Management sont, quant à elles, moins demandées : le besoin est moins ressenti, d’une part. D’autre part, il est souvent pris en charge très largement en interne, par les experts métiers de l’entreprise, sous la responsabilité du chef de projet, avec les consultants rédigeant éventuellement les manuels et les nouvelles procédures. Mais dans ce domaine précis, il y a déjà beaucoup de compétences locales (locales voulant dire « au Maroc », que la personne soit marocaine ou étrangère).
Les secteurs les plus importants
Les secteurs les plus demandeurs en nombre sont bien sûr ceux où se concentrent les plus grosses sociétés : banque, finance, assurance.
Dans le domaine industriel, l’OCP, qui a sa propre filiale de consulting interne, a une grosse demande de consultants.
Les autres grosses sociétés sont moins demandeuses de consultants, ou font appel directement à des cabinets de conseil européens, qui vont ensuite sous-traiter au Maroc.
D’une manière générale, les secteurs les plus importants sont ceux qui sont stratégiques pour le Maroc :
- agroalimentaire (transformation, amélioration de la chaine de valeur)
- banque et assurance
- industrie offshore
- produits d’export en général, en particulier vers l’Afrique
- énergies renouvelables, solaire et éolien, et désalinisation
Les TPME pourront avoir accès au conseil via des groupements qui prennent en charge le coûts des études.
Marketing et stratégie
Ces secteurs sont moins importants. Les « grosses » études sont trustées par quelques cabinets internationaux au niveau gouvernemental. Au niveau d’une PME, cela va souvent se résumer à quelques interviews et « sondages » sur les réseaux sociaux, via GoogleSheets. L’opacité des données ne permet pas non plus de bien travailler.
Freelance ou société ?
Par « Freelance », j’entends ici le consultant qui travaille seul, en individuel, sans collaborateur, que ce soit en auto-entrepreneur (avec une limitation à 200.000 dirhams de chiffre d’affaires par an), en personne physique ou en SARL.
Créer un cabinet de conseil sans véritable portefeuille de client est extrêmement difficile, surtout dans un pays où on arrive. Même si vos relations vous permettent d’assurer quelques contrats, il vous sera plus facile, dans un premier temps, de fonctionner en réseau avec d’autres indépendants, que de démarrer votre activité.
Si vous n’avez donc pas, dès le début, ce gros portefeuille, ou si vous ne vous installez pas comme filiale d’un groupe international, vous aurez aussi des difficultés à recruter des équipes de qualité : les bons consultants étant très demandés, devenir salarié doit leur apporter des avantages certains par rapport au statut de freelance : sécurité financière, possibilité d’évoluer et de travailler sur des missions auxquelles ils n’auraient pas accès.
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