L’hiver a commencé aujourd’hui. Depuis quelques années, le froid arrive plus en plus tard, l’hiver est de moins en moins froid, mais néanmoins, dans le pays montagneux qu’est le Maroc, certaines régions vont encore subir des chutes de neige élevées. Et la page « Extreme Weather » sur Facebook rapporte ces événements neigeux régulièrement.
Les quarante Lyali
Les « Lyali » constituent une des périodes les plus froides de l’année au Maroc, laquelle commence le 22 décembre de chaque année et se termine le 31 janvier. Certains les appellent même la « quarantaine d’hiver » car ces quarante jours sont caractérisés par le froid glacial qui coïncide avec les chutes de neige.
Les Marocains divisent les nuits froides en deux périodes: la première dure 20 jours et est appelée les « nuits froides blanches » (الليالي البيض), le froid y est intense et les tempêtes y sont fréquentes. La seconde période est appelée les « nuits froides noires » ( الليالي السود), elle est encore plus froide et humide que la première.

Les nuits blanches sont appelées ainsi car le clair de lune et sa lumière intense quand elle devient pleine leur donne une grande clarté, ainsi que le manque de nuages. Le froid est sévère la nuit, mais il fait encore relativement chaud dans la journée.
Au contraire, les nuits noires ont beaucoup plus de nuages, les températures nocturnes seraient plus clémentes.
Enfin, une période qui va du 14 au 19 février, la « guerre de la chèvre » (Guerret al Anz : ڤرّة العنز ) : parce qu’il est un animal mince et est grandement affecté par le froid et les agriculteurs et les éleveurs perdent beaucoup de chèvres dans cette période particulière et préfèrent ne pas les laisser sortir. Mais pas tous…

Hiver en montagne, hiver au désert ou sur la côte
C’est bien connu « Le Maroc est un pays froid où le soleil est chaud » disait Lyautey.
L’hiver en montagne
C’est bien sûr là qu’il est le plus rigoureux. Le record absolu de froid a été enregistré dans la région d’Ifrane le 17 janvier 1981, une température négative de -14,5°.
Je me souviens de l’hiver de mon mariage à Ouarzazate où il gelait la nuit, mais où nous prenions le café du déjeuner en terrasse, en pull léger (pour remettre les vêtements chauds, doudounes et manteaux en fin d’après-midi).
Malgré le réchauffement climatique, chaque année voit des lourdes chutes de neiges dans les montagnes marocaines, qui sont malgré tout bienvenues car, malgré les rigueurs du froid, la fonte des neiges permettra de remplir un peu les nappes phréatiques et les barrages. Cette année, dans certains endroits, il est tombé plus d’un mètre de neige en une journée !
L’hiver au désert
Les nuits sont froides, très froides, et parfois les journées aussi. Je me souviens avoir vu tomber des flocons de neige à M’hamid une année. Et il y a deux ans, ce sont de belles couches de neige qui ont couvert les dunes à Aïn Sefra, à une centaine de kilomètres de Figuig, en Algérie.

La sécheresse de l’air rend le froid du désert tout à fait supportable. C’est une jolie destination pour un réveillon dans les dunes … à partir du moment où on a de quoi se couvrir !
Le gros avantage de l’hiver, c’est l’absence de bêtes qui piquent et qui pincent. Il n’y a plus à craindre les morsures de scorpions ou de serpents, ces reptiles sont tous endormis.
L’hiver sur la côte marocaine
Au nord, l’hiver sera froid et humide. Les pluies sont beaucoup moins abondantes ces dernières années, réchauffement climatique oblige. Malgré tout les maisons de Tanger, d’Essaouira ou d’Azemmour sont très humides.

A Casablanca ou à Rabat, cela dépend du quartier. Et si le chauffage n’est plus vraiment nécessaire, à peine une semaine ou deux, les grands sols carrelés dégagent une « fraîcheur » assez nette.
Les plages sont désertées. Une période de choix pour en profiter, loin de la foule estivale.

Dès que l’on va plus au sud, Agadir, Dakhla, même Laayoune, l’hiver disparait. C’est une très bonne période à Agadir, sans le brouillard ni les chaleurs de l’été et, à quelques kilomètres, Taghazout est un lieu de transhumance des camping-caristes qui veulent se chauffer les os au soleil pour l’hiver.
Se chauffer en hiver
Les maisons marocaines (et les boutiques et restaurants) ne disposent pas du chauffage central. Alors il est habituel d’y entrer tout habillé et de ne pas enlever son manteau… sauf quand c’est obligatoire, par exemple pour un soin en institut ou chez le médecin. Comment se chauffe-t-on en hiver au Maroc ?
Les maisons traditionnelles : une certaine climatisation naturelle
Les maisons en terre bénéficient de l’inertie thermique de ce matériau. Construites avec des murs épais, peu ou pas d’ouvertures sur l’extérieur, elles atténuent le froid comme la chaleur. Néanmoins, au coeur de l’hiver, cela ne suffit pas, et on aura recours aux autres solutions, quand on peut se les offrir.
Quand aux constructions en pierre, si elles sont parfaites pour l’été, l’hiver elles accumulent le froid. (C’est d’ailleurs ce qu’avaient découvert les premiers colons au Canada, dont les maisons de pierre se fendillaient sous l’effet du froid).
Se chauffer au bois
La flambée dans la cheminée, c’est possible dans les riads ou les maisons d’hôte. Et dans les maisons en montagne. Mais le bois reste une ressource rare, précieuse. On trouve aussi des braseros alimentés au charbon de bois, qui diffusent leur chaleur dans un espace restreint.
Se chauffer à l’électricité
Les chauffages d’appoint électriques, les radiateurs à huile sont les vedettes des promotions l’hiver. S’ils ont l’avantage de chauffer fort et rapidement, ils ont l’inconvénient de faire exploser votre facture d’électricité si vous les utilisez sans parcimonie. Vous passerez rapidement en tranche 5, le confort a son prix !
Se chauffer avec une clim réversible
Moins coûteuse que les chauffages d’appoint – sans être gratuite, loin de là – la clim réversible permet de chauffer une pièce avec une chaleur douce. Elle s’est imposée au Maroc, avec des prix qui vont de 5.000 à 14.000 dirhams pour un appareil, installation comprise.
Se chauffer au gaz

Il reste la solution la plus économique, un chauffage au gaz. Mobile, il se déplace de pièce en pièce. Une bouteille de gaz vous fera une à deux semaines. L’appareil lui-même coûte entre 1.000 et 2.000 dirhams.
Il a trois inconvénients :
- il dégage de l’humidité ;
- il dégage du monoxyde de carbone et du dioxide de carbone, qui peuvent causer des problèmes aux personnes asthmatiques et en général aux personnes ayant des irritations pulmonaires ou de la toux ;
- et donc pour des raisons de sécurité, il est obligatoire de l’éteindre quand on n’est pas dans la pièce ou qu’on dort… ce qui promet un réveil « revigorant ».
C’est aussi la solution utilisée par les restaurants pour chauffer leurs terrasses et leurs salles.
Ne pas se chauffer du tout
C’est la solution adoptée par de nombreux marocains. Les djellabas en laine, les nombreuses sous-couches de vêtement, les verres de thé chaud et l’accumoncelement des couvertures sous lesquelles on se blottit au salon et dans la chambre permettent de survivre au froid. Dans les salons, on voit souvent une pile de ces couvertures, prêtes à être déployées pour couvrir les invités !

Un hiver court
L’hiver ne dure pas très longtemps au Maroc. Dès la fin du mois de janvier les amandiers fleurissent dans les montagnes de l’Atlas. Et à la fin du mois de Mars, il fait déjà chaud !

Les célébrations de l’hiver
Quelques fêtes traditionnelles
La plupart des fêtes traditionnelles marocains n’ont pas de date fixe, étant donné qu’elles suivent le calendrier musulman.
Ce n’est pas le cas de Yennayer, le nouvel an amazigh, qui est fêté le 14 janvier, quelques jours après la nouvelle année « occidentale ». Dans les grandes villes et les centres touristiques, on voit aussi des célébrations pour Noël.
Les festivals
La période hivernale est aussi pauvre en festivals. Les plus tardifs, comme le festival du film de Marrakech, ont lieu à la fin de l’automne.
Le festival des amandiers de Tafraout a lieu début mars.
Et c’est tout !
Les événements sportifs de l’hiver
Chaque année, le Marathon International de Marrakech rassemble des coureurs en janvier.
Et cette année, la CAN commence le premier jour de l’hiver. Ce sera une belle fête populaire, surtout si le Maroc gagne !
En savoir plus
- «Llyali» : la quarantaine d’hiver marquant la rudesse du froid, des rituels et des traditions qui tombent dans l’oubli
- Agriculture : les “Lyali” balayées par le changement climatique
- Analyse de l'impact du changement climatique sur les cultures et les arbres fruitiers, dont le cycle est perturbé par la modification des températures.
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