Toujours à propos des caravanes de sel, j’ai rouvert hier soir Le Sel du Désert d’Odette Du Puigaudeau, une voyageuse fantastique, moins bien connue que les Isabelle Eberhart, Alexandra David-Neel ou Ella Maillart, mais tout aussi aventureuse.
Un petit bout de bretonne, qui vécut à fond l’aventure saharienne, admirée par d’autres grands « déserteurs » comme Théodore Monod, elle a moins fait parler d’elle que ses consoeurs. Peut-être parce qu’elle a eu un destin heureux, et qu’elle est tranquillement morte en 1991, au Maroc, dans son pays d’adoption, 15 ans après sa compagne, Marion Sénones ?

Et pourtant quelle aventurière… fille d’artistes, élevée dans la maison familiale de Bretagne, elle rêve très tôt d’aventures, tandis que ses parents la protège. Elle finit par s’échapper, et suit des cours d’océanographie… Elle pourrait partir ainsi à Carthage. Mais son projet échoue, et elle entre comme styliste chez Lanvin, avant de repartir, pour le large cette fois-ci.
Nous sommes au début des années trente, et elle se fait embaucher comme journaliste, rien de bien original, si… elle s’engage sur un thonier pour participer à une campagne de pêche ! Un métier dur, qui rebutait bien des hommes costauds.

Après plus aucune barrière ne lui résiste, et elle réalise enfin son rêve de partir en Afrique et d’arpenter les déserts avec sa compagne Marion Sénones, qui illustrait leurs voyages (photos et dessins).
Les deux femmes ont conquis les Touaregs, qui appelleront l’année de leur premier voyage dans le désert « l’année des deux femmes ». Elles reviendront souvent, devenant ethnologues.

Et c’est ainsi qu’elles suivent une des grandes caravanes du sel. A l’époque plusieurs milliers de chameau partaient pour Tombouctou, la caravane était à la fois bien plus importante, bien plus riche, et une expédition bien plus dangereuse que celle d’aujourd’hui.
J’ai aimé dans ce livre la richesse du récit, la véracité sans romantisme, le sens de l’humour, le rythme… et la personnalité extra-ordinaire, au sens premier du terme, de la narratrice !
J’ai découvert, bien après l’avoir lu, que sa compagne, Marion Sénones, avait elle aussi eu une vie et une personnalité extra-ordinaires, et que le couple n’avait finalement été séparé que par la mort, après tant d’années d’aventures. Si Odette du Puigaudeau est maintenant relativement connue, Marion Senones avait un réel talent d’illustratrice dont on trouve, aujourd’hui, très peu d’exemples, en dehors des illustrations des livres écrits par Odette.
Alors pour le « plaisir des yeux », un portrait d’homme et celui d’une famille sous la tente.
En savoir plus
- Odette du Puigaudeau et Marion Sénones, aventurières des sables - Si loin si proche
- Femmes en aventure - Chapitre XII. Odette du Puigaudeau et Marcelle Borne-Kreutzberger, un couple d’aventurières en Mauritanie - Presses universitaires de Rennes
- Odette et Marion, méharistes aux semelles de vent, et une petite salade tiède de lentilles à la butternut rôtie
- La recette est un prétexte à raconter les aventures de ces deux femmes >
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