Faut-il prendre la nationalité marocaine ? Avantages et inconvénients

C’est une question qui revient souvent dans les commentaires : comment faire pour obtenir la nationalité marocaine ?

Il est théoriquement possible de devenir marocain dans un certain nombre de cas, en pratique quasiment impossible, sauf pour les enfants de marocains. Et dans ce cas, c‘est plus une reconnaissance d’une nationalité de fait qu’une naturalisation.

Autrement dit, maintenant, on ne devient pas marocain, on nait marocain, mais parfois les autorités ne le savent pas et on peut les en informer.

Maintenant, concrètement, au-delà des raisons sentimentales, affectives ou patriotiques qui peuvent pousser à demander cette nationalité – et qui sont parfaitement valides – , d’un point de vue pratique, est-ce que c’est une bonne idée ?

Quels sont les avantages et les inconvénients ?

Prendre la nationalité marocaine est un choix irréversible

Contrairement à de nombreux pays où on peut plus ou moins facilement renoncer à sa nationalité, comme les États-Unis sur une simple déclaration, ou la France et la plupart des pays européens, où le processus est un peu plus compliqué, on ne peut pas renoncer à la nationalité marocaine. La seule façon de la perdre est par un décret royal.

Autrement dit, ça doit arriver une fois par siècle !

Prendre la nationalité marocaine : les inconvénients

Vous pouvez perdre votre autre nationalité

De nombreux pays ne reconnaissent pas les doubles nationalités. Quelques pays vont même jusqu’à les interdire. Dans ce cas, si vous demandez volontairement une autre nationalité, vous perdez automatiquement la première. C’est le cas en particulier des Émirats Arabes Unis et de la Chine. C’était le cas de l’Allemagne, de la Belgique, entre autres pays européens, jusqu’à la fin 2010. Depuis ces pays ont assoupli leurs positions, mais rien n’empêche un retour en arrière.

De plus, dans un registre plus sombre, il est interdit de vous déchoir de votre nationalité si cela vous transforme en apatride, c’est-à-dire si vous n’avez pas d’autre nationalité. Cette protection disparait donc pour les bi-nationaux. Petite-fille de quelqu’un qui a été déchu de sa nationalité pendant la guerre, j’avoue que ce sujet « théorique » reste sensible.

Et cette « théorie » est aujourd’hui beaucoup plus concrète, depuis que la France a commencer à agiter la menace de la déchéance de nationalité.

Vous êtes uniquement marocain au Maroc

On ne le redira jamais assez, sur beaucoup de points, les étrangers bénéficient d’assouplissement que n’ont pas les Marocains. Et en cas de double nationalité au Maroc, seul le passeport marocain est pris en compte.

Pratiquement, aujourd’hui, c’est le plus gros inconvénient, qui va avoir des conséquences sur les points suivants :

Contrôle des changes

Par principe, les Marocains n’ont pas le droit de détenir des avoirs à l’étranger (il peut y avoir des dérogations, des arrangements, mais c’est le principe de base). Ils doivent les rapatrier au Maroc et, au cas où ils bénéficient d’une dérogation, ils doivent réintégrer les revenus de ces avoirs dans leurs impôts au Maroc.

Les non Marocains résidents au Maroc ont le droit d’avoir des biens à l’étranger, et doivent déclarer les revenus au Maroc, comme les Marocains.

Les non Marocains ont le droit d’avoir des comptes en dirhams convertibles et d’y verser leurs revenus, quand ils peuvent prouver qu’ils ont payer les impôts sur ces revenus.

Les Marocains sont limités, quoi qu’il arrive, aux montants de leur dotation touristique et de leur e-carte. Ceux-ci peuvent être modifiés très facilement, à la hausse ou à la baisse.

Protection sociale

Les bi-nationaux sont exclus du bénéfice de la Convention de Sécurité Sociale entre la France et le Maroc ce qui peut être une catastrophe si un Franco-Marocain doit faire soigner une maladie grave au Maroc, il devra se débrouiller avec le système de santé marocain et ne sera pas pris en charge par la Sécurité Sociale en France s’il va s’y faire soigner, il devra avant cela changer de résidence.

Coût des écoles étrangères

En général, les écoles étrangères sont moins chères pour les enfants d’étrangers. Certaines, comme l’école Belge, imposent les tarifs (élevés) pour Marocains aux enfant de bi-nationaux.

Hôtels, alcool, etc…

La plupart des lois restrictives sur la vente d’alcool, le partage des chambres pour des couples non-mariés ne mentionnent pas comme critère la religion, mais la nationalité. Elles ne s’appliquent donc pas aux musulmans étrangers.

Voilà ….

Vous n’avez plus accès à certaines fonctions / carrières dans votre autre pays

Police, armée … sont des carrières généralement interdites aux bi-nationaux. Et c’est un peu normal, non ?

La nationalité marocaine a quelques avantages

Posséder des terres agricoles

C’est honnêtement LE gros avantage de la nationalité marocaine. En tant qu’étranger vous pouvez louer des terres agricoles, y compris avec des baux de 99 ans, mais vous n’avez pas le droit d’en posséder, même par héritage.

Je connais des gens qui ont demandé la nationalité marocaine rien que pour ça…

Accéder à des professions réglementées

En plus des carrières dans la police et l’armée, un certain nombre d’ordre professionnels sont réservés, de facto, aux Marocains : adouls, architectes, etc. Même si vous faites reconnaître vos diplômes étrangers, vous ne pourriez pas vous établir à votre compte comme architecte et devriez travailler en cabinet.

Le risque d’extradition

Comme on le voit avec l’affaire Stéphane Raoult, il n’existe pas de convention bilatérale entre la France et le Maroc interdisant l’extradition de Français vers des pays tiers.

Par contre, le Maroc refusera toujours d’extrader ses ressortissants.

La question est : est-ce réellement un avantage ? En cas de problème, vaut-il mieux être jugé et emprisonné en France ou au Maroc. « La question est vite répondue« .

Ce qui ne change pas vraiment

La protection consulaire

Il y a beaucoup de mythes sur la protection consulaire.

Au Maroc, être Français ne vous dispense pas d’obéir aux lois, de payer vos amendes, d’aller en prison si la procédure le demande ou si vous y êtes condamné. Le Maroc est reconnu comme un état de droit, ce qui veut dire qu’en cas de litige avec les autorités marocaines, le consulat laissera faire.

Par contre, dans le cas où le Maroc connaîtrait une révolution et des violences, le consulat reconnaîtrait toujours votre passeport français et essayerait de vous protéger, si vous pouviez rentrer dans l’espace consulaire.

C’est un peu ce qui s’est passé avec les évacuations en Afghanistan, où les rares bi-nationaux n’ont pas été bloqués, contrairement aux Afghans.

Pour moi, c’est un point secondaire, car le risque réel me semble extrêmement faible. Et surtout, s’il commençait à avoir un semblant de probabilité, il serait temps de faire ses valises largement avant d’en arriver à se réfugier derrière les grilles d’un consulat !

Le divorce à l’étranger

Que vous soyez Marocain, Français ou Franco-Marocain ne change pas grand-chose. Si vous êtes résident à l’étranger, c’est là que vous devez divorcer et ensuite, faire enregistrer votre divorce sur l’état-civil marocain, via une procédure d’exéquatur, et vice-versa.

A l’inverse, un(e) Français(e) résidant(e) au Maroc divorcera devant un tribunal marocain exactement comme un(e) Marocain(e). Avec les mêmes lois. Et le même handicap s’il/elle n’est pas musulman(e).

L’héritage à l’étranger

De la même façon, les lois régissant l’héritage sont complexes, mais seront appliquées de la même façon quelle que soit votre nationalité (ce qui prime, c’est la religion). Et c’est la législation locale qui sera appliquée pour les biens détenus à l’étranger.

Bien que vous serez obligés de rapatrier au Maroc, si vous êtes Marocain.

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