Il faut que je vous fasse une confidence : je suis raide-dingue de sushis. J’ai été initiée aux sushis bien avant que cela devienne à la mode, par une amie qui avait vécu au Japon. A l’époque les restaurants à sushis étaient rares à Paris, plutôt concentrés dans le quartier de l’Opéra et de Saint-Germain des Prés. Nous allions dans un petit restaurant rue des Ciseaux, où la majorité de la clientèle était japonaise, un vrai régal.
Sushi addict un peu (beaucoup) frustrée
Plus tard, avec un de mes amis, nous faisions des paris et le perdant invitait l’autre au Benkay, restaurant japonais de l’hôtel Nikko, maintenant totalement « déjaponisé » sous le nom de Novotel Paris Tour Eiffel. Le Benkay existe toujours, avec sa vue panoramique sur la Seine et ses grands teppanyakis où les chefs grillaient sous nos yeux légumes, viandes et poissons. Mais je ne suis plus à Paris.
Mes quelques années en Allemagne ont été une grande frustration, à l’époque, en tout cas dans la ville moyenne où j’habitais, les restaurants turcs étaient plus nombreux que les restaurants japonais. Et si j’y ai découvert de délicieux kebabs, j’étais en manque de sushis.

Bien entendu, une fois arrivée au Maroc, le manque a grandi. Imaginez-vous manger du poisson cru à Ouarzazate, au bord du désert ? Non, bien sûr, trop heureuse déjà d’avoir une livraison de poisson frais par semaine. Les sardines chermoula hebdomadaires ou le couscous au poisson que la belle-famille me préparait quand nous les visitions à Agadir étaient délicieux, certes, mais cuits.
En vingt ans, le Maroc a évolué. Et moi je suis remontée au nord, j’ai trouvé mon premier restaurant de sushi à El Jadida, avenue Mohammed VI, à côté du parc.

Puis enfin Casablanca et ses nombreux restaurants de sushis, enfin pour être exacte, ses nombreux restaurants asiatiques proposant des « sushis à la marocaine ». Frits, mélangés à du fromage, à du surimi. Oui, les Marocains se méfient du cru. Ou limités aux sempiternels thon et saumon. Pas de poulpe, pas de poisson blanc, pas de calamar. Du thon, du saumon et des oeufs de saumon. Oui, paradoxalement, les poissons sont chers au Maroc.
Le détour par les sushi maison
Presque rien de japonais pour moi. A tel point que, grâce à Fouzia, ma vendeuse de poisson du Marché Central, qui me vendait les meilleurs poissons frais, et qui livre dans tout Casablanca, je me suis mise à faire des sushi maison. Car le paradoxe est qu’on trouve facilement tout ce qu’il faut pour faire ses sushi soi-même : mirin, riz gluant, wakamé, feuilles de nori et gingembre confit sont importés et disponibles en supermarchés et j’ai même réussi à trouver quelque part un véritable wasabi en remplacement du raifort teinté en vert qu’utilisent tous les restaurants à sushi.
Je ne me prends certes pas pour un maître sushi, formé pendant plus de dix ans à la découpe savante de morceaux de poissons choisis le matin même, je ne peux pas trouver à Casablanca le fameux « yellow tail » (qu’on ne pêche qu’au Japon), mais même sans acheter un thon entier, j’arrivais de temps en temps à avoir du toro ; surtout j’avais du plaisir à manger des sushis variés.

Ok, certes, « moi my life » c’est intéressant, mais pourquoi est-ce que je vous raconte ça ?
Avant d’arriver au vif du sujet, laissez-moi vous parler de Tev et Louis, deux youtubeurs français/franco-japonais qui vivent au Japon et parlent régulièrement de la vie quotidienne là-bas. Le Japon est à plus de 11.000 kilomètres du Maroc, mais les deux pays ont beaucoup de points communs : les deux plus anciennes monarchies du monde, un attachement à leurs traditions et, il faut le reconnaître en écoutant les vidéos, un administratif « compliqué ».
Et donc, il se trouve que… enfin on y arrivé ! Il y a quelques mois, Tev et Louis sont venus au Maroc. Et ils ont fait une vidéo où ils jugent les sushi marocains.
Les « sushi » marocains meilleurs que les sushi français selon nos experts
Les ayant souvent entendu critiquer des restaurants, sushi ou pas, j’avoue que j’étais curieuse.
Je vous laisse regarder la vidéo, mais voici la conclusion :
ce ne sont pas des sushi, c’est de la « fusion », mais c’est très bon. Et meilleurs que beaucoup de sushi en France.
Les deux restaurants où ils sont allés sont :
- Nakata sushi, rue d’Agadir, qui annonce sur sa page Facebook « faire aussi des sushi cuits » ;
- Shiru sushi, thaï et wok, un restaurant avec service de voiturier (donc plutôt haut de gamme), qui a deux restaurants, un à Palmiers et un à Racine ;
Alors oui, vus comme ça, les restaurants de sushis revisités peuvent être bons. Je ne suis vraiment pas fana des Eby Fry et « pizza sushi », mais je trouve mon bonheur, en particulier avec les tartares ou les chirashi.

Par contre, ce qui m’amuse, c’est de voir le détournement totalement décomplexé que les Marocains peuvent faire des sushis (ou des tacos) alors qu’ils crient au scandale dès qu’on touche au sacro-saint couscous, comme a pu le faire Philippe Etchebest !
NB : ces deux restaurants n’apparaissent pas sur la liste des meilleurs restaurants de sushi à Casablanca par Trip Advisor. Et c’est presque normal. La tête de liste a beaucoup baissé en qualité (confirmé par un ami japonais) mais reste accroché en première place grâce à son historique. Les prix sont très élevés, en particulier parce que ce restaurant, lié au groupe Four Seasons, a une licence d’alcool. Comme beaucoup de restaurants de ce type au Maroc, on y va plus pour le bling que pour la réelle gastronomie.
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