Un très intéressant article sur les impacts de la crise sur le Maroc chez El Hyani.
Pour résumer, le Maroc a fait appel au FMI, qui lui a accordé un énorme crédit, de 6,2 milliards de dollars, sans que la contrepartie (assainissement des finances publiques) soit officiellement connue.
Cet appel était rendu indispensable par l’augmentation des dépenses (prix de l’énergie, des matières premières) et la réduction simultanée des recettes. On le reconnait enfin, la crise frappe le Maroc, à travers la baisse des activités touristiques, les menaces qui pèsent sur l’off-shoring, et la réduction des transferts d’argent des M.R.E., qui s’agisse de transferts de fonds à la famille, ou d’investissements locaux (les fameux IDE).
Pourtant l’essentiel du déficit de la balance des paiements est bien lié à l’augmentation importante du coût des importations, qui conduit à un risque de crise de liquidité en devises à court terme, les réserves de changes couvrant à peine plus de trois mois d’importations.
Rappelons pour nos lecteurs étrangers que le dirham n’est pas librement convertible.
Un assouplissement a été mis en oeuvre il y a quelques temps, permettant aux marocains de disposer de l’équivalent de 2.000 euros librement convertibles (ie. utilisables par des cartes de crédit spécifiques, sur internet, sans autorisation préalable de l’office des changes).
De plus les entreprises exportatrices peuvent conserver 70% des devises importées sur un compte en devise, sur lequel elles peuvent tirer sans autorisation préalable. Enfin, pour les étrangers établis au Maroc, ils ont la possibilité de rapatrier librement leurs avoirs à l’étranger (sous réserve d’avoir payé les impôts afférents).
Cet assouplissement relatif a permis de développer les investissements étrangers, et était une des conditions du développement de l’e-commerce au Maroc.
En même temps, il est une autorisation implicite de “thésauriser” 70% des devises résultant de l’importation, et de nombreux mécanismes de sur-sous facturation permettent aux groupes internationaux de transférer leurs devises en préservant l’apparence de la légalité.
Si le F.M.I. impose un plan drastique, le gouvernement Benkirane en paraîtra responsable aux yeux de la population, alors qu’il doit en réalité porter le poids d’un long attentisme, et d’un refus de se colleter aux mesures nécessaires, en espérant que “cela s’arrange”.
Le “cela” ayant souvent été le budget de pays amis, et notamment du Golfe, qui ont mis la main à la poche pour renflouer la Caisse de Compensation.
Pour celle ci, son sort semble clair : profonde réforme, voir disparition, au moins partielle. Malheureusement, si on veut éviter des émeutes, cette disparition ne peut que s’accompagner de mesures de soutiens aux plus pauvres, qui iraient à contresens des supposées exigences du FMI.
Dix ans après, jour pour jour
D’autres crises ont frappé et, rétrospectivement, 2012 semble avoir été une année d’abondance.
La Caisse de Compensation n’a pas fermée, même si certains produits ont été retirés et que le Maroc préfère gérer la crise du prix du pétrole à coup de subventions ciblées aux professionnels.
Les devises sont toujours une denrée rare, le dirhams n’est toujours pas librement convertible, aux difficultés de 2012 se sont ajoutés l’impact de la Covid, de la sécheresse et de la guerre en Ukraine qui font monter le prix du blé.
Pendant dix ans, le Maroc a réussi à tenir et avancer.
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