Anougoud, c’est le mouton sur ses quatre pattes et la viande de la bête une fois tuée.
C’est un jeune mouton mâle, le mouton de l’Aïd, celui que vous allez entendre bêler dans quelques jours dans la cour ou sur la terrasse de l’immeuble, si vous habitez en ville, donc anougoud n’tfaska, le mouton de la fête.

Les espèces les plus savoureuses sont celles dépourvues de cornes, en tout cas c’est ce qu’on dit dans le sud. Mais le mouton sans corne n’est pas celui qui impressionne le plus les voisins ! Vous verrez donc rapidement ce qui compte le plus pour les familles autour de vous. Et le mouton à cornes a un avantage pratique !
Comme pour la plupart des bêtes, les animaux blancs ont plus de valeur, pour la qualité de la laine.
Il y a donc aussi ⴰⵥⵕⵕⵉⴼ, azrrif, le mouton à tête blanche, et ⴰⴱⵔⵇⵉ, abrqui, le mouton à tête noire ou marron.

Dans la vie quotidienne, on parlera plutôt de :
- Izimmer, ⵉⵣⵉⵎⵎⵔ, qui va plus spécifiquement désigner le bélier
- Ahulli ⴰⵃⵓⵍⵉ
- et Akrri ⵓⴽⵔⵔⵉ ou Arrag ⴰⵔⵔⴰⴳ, que j’ai très rarement entendus, en tout cas dans le Moyen-Atlas et la vallée du Draa.
Pour les filles aussi il y a beaucoup de mots :
Tilli, ⵜⵉⵍⵉ est le mot le plus courant, en tout cas pour les Aït Atta.
Comme pour les mâles, on distingue selon les couleurs, avec une petite distinction supplémentaire entre Tabrqiyt ⵜⴰⴱⵔⵇⵉⵢⵜ, la brebis à la tête tachetée de noir, et taɣcwit, ⵜⴰⵖⵛⵡⵉⵜ, la brebis à la tête toute noire.

Ttasqqasbart, ⵜⴰⵙⵇⵇⴰⵙⴱⴰⵔⵜ est la brebis pénible, celle qui s’éloigne du troupeau pour marcher toute seule, et dont l’indépendance fatigue le berger ! En effet, le troupeau peut facilement décider de la suivre, juste parce qu’elle est la première à montrer une nouvelle direction.
On voit aussi Tahruyt ⵜⵀⵔⵓⵢⵜ ou Tahrucht ⵜⴰⵀⵔⵓⵛⵜ et Tikhsi ⵜⵉⵅⵙⵉ . Là aussi, ce sont des mots que j’ai rarement entendus, ils sont sans doute utilisés dans d’autres régions. Tikhsi, par exemple, est utilisé dans au moins deux tribus de la confédération des Aït Yafelman (les grands ennemis historiques des Aït Atta), c’est à dire chez les Aït Moghad (vers Goulmima) et les Aït Hliddou (à ne pas confondre avec les Aït Hadiddou, vers Imilchil).
Enfin, pour les agneaux, on utilisera :

- Izmer, ⵉⵣⵎⵔ , le petit de Izimmer
- Ilifiɣ, ⵉⵍⵉⴼⵉⵖ, quand il vient de naître (et qu’on utilise aussi pour les chevreaux)
- Ala, ⴰⵍⴰ pour l’agnelet (et qui désigne aussi le feuillage de l’année)
- Aɛlluc, ⴰⵄⵍⵍⵓⵛ (qui désigne aussi le petit veau)
- Alqqaɣ, ⴰⵍⵇⵇⴰⵖ qui veut aussi dire « tendre »
- Ikrou, ⵉⴽⵔⵓ qui veut aussi dire « enfant »
Selon le rite islamique, Anougoud – ⴰⵏⵓⴳⵓⴹ doit avoir six mois et la dentition d’un jeune animal, ou, au pire, être un mouton de l’année. Il est obligatoire qu’il soit sevré.
C’est donc aussi, « techniquement », un agneau, en tout cas en français puisque l’agneau a moins d’un an, mais au Maroc, le mot n’est pas utilisé avec ce sens là.
Les pluriels
En berbère, les noms féminins sont aussi souvent des noms d’ensemble.

- Ulli ⵓⵍⵍⵉ va désigner les brebis, mais aussi l’ensemble des moutons, du troupeau.
- Tattn ⵜⴰⵜⵜⵏ désigne uniquement les brebis, c’est le pluriel de Tilli, ⵜⵉⵍⵉ. Mais les Aït Moghad, qui parlent de Tilli, utilisent Ulli pour le pluriel, mot aussi utilisé par les Aït Atta.
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