Arabe, darija, berbère, ou les trois
On parle beaucoup de langues au Maroc : l’amazigh a rejoint l’arabe standard comme langue officielle lors de la réforme constitutionnelle de 2011 et le français est une langue de travail très largement utilisée (contrats, textes de lois, etc. peuvent être rédigés dans l’une des deux langues) ; le berbère, qui a maintenant ses émissions à la télévision, et qui est enseigné dans les écoles. Dans le nord, l’espagnol a été hérité du colonisateur. Enfin, on croise de nombreux Marocains qui ont fait leurs études à l’étranger.
On y parle aussi et surtout un « patois », l’arabe dialectal, qui s’appelle ici la darija.
On peut d’ailleurs parler plusieurs versions du berbère, tamazight de l’Atlas central, tachelhit du Sous, tarifit du Rif… les mots de chacune des langues pénètrent les autres, d’autant plus facilement qu’entre arabe et berbère, les structures de base de ces deux langues sémitiques sont plus proches que du français.
Les noms de lieux sont souvent berbères, et en particulier les noms de villes qui commencent par un Ta, la marque du féminin en amazigh. Les Tizi (ⵜⵉⵣⵉ) sont des cols (et donc on ne doit pas dire le col du Tizi n’Tichka, les Ifri (ⵉⴼⵔⵉ) sont des grottes, les Ighil (ⵉⵖⵉⵍ) sont des collines, les assifs (ⴰⵙⵉⴼ) sont des rivières, des oueds (ou wadis وادي) en arabe. Le djebel ( جبل ) est lui aussi un mot arabe, en amazigh on parle d’adrar (ⴰⴷⵔⴰⵔ)…
Même au coeur du pays berbère, certains mots arabes ont fait souche, comme le mot Kasbah ( قصبة ) qui vient du mot arabe pour un roseau (qui a aussi donné le calame), et qu’on appellerait plutôt igherm (ⵉⵖⵔⵎ) en amazigh. La medina ( مدينة ) désigne tout simplement la ville, qui peut-être (relativement) nouvelle comme Fès El Jedid ou El Jadida.
Les salutations
Se saluer, c’est d’abord échanger des vœux de paix pour l’autre, « Salam aleikoum » ( ٱلسَّلَامُ عَلَيْكُمْ ) (qui est la racine de salamalec).
Aussitôt après cela, on va se demander si « ça va » (Labès ? ( لا بأس ) Maantanit ? en berbère) et ne jamais se satisfaire du « bien, grâce à Dieu » (Labès Bekher, Hamdulillah, Koulchi labès, koulchi mziane, barakallahoufik). On a donc vérifié que tout va bien, la maison (Tiguemmi (ⵜⵉⴳⵎⵎⵉ) en amazigh), la famille (Familia en darija), les enfants (Isharan (ⵉⵛⴰⵔⴰⵏ), Tarwa (ⵜⴰⵔⵡⴰ) ou Tazanine (ⵜⴰⵣⴰⵏⵉⵏ) en berbère), le travail, la santé, et tous les membres de la famille que l’on connait.
Et à chaque fois assurer l’autre que tout va bien.
On peut aussi dire, en berbère « Azul » (ⴰⵣⵓⵍ) ou « Lâaoun« , et en arabe, si on est le matin, « Sba el kher » ( صباح الخير ) (Bonheur du matin), et dans l’après-midi, « Massa el kheir » ( مساء الخير ) (Bonheur du soir).
Si on se sépare pour un petit moment, on se dira en berbère « haraska » (à demain), « haraska sba » (à demain matin), ou « harasra » (à tout à l’heure).
Et pour dire merci, on dira choukran ( شكرا ) (bezaf (بزاف) pour beaucoup), ce à quoi on répondra « Llah choukran allah wajib » ( لا شُـكرا على واجـب ), ou « Blajmil » ( بلاجميل ) ou « Afwan » (عفوا ) (mais ce dernier beaucoup plus rarement). Quand on veut demander quelque chose, ce sera « min fadlik » ( من فضلك ) ou « aafak » (ﻋﻔﺎﻙ).
La nourriture

Cet aspect important de l’hospitalité marocaine se traduit par les injonctions de votre hôtesse qui veut vous voir finir le plat, tisch en berbère, koul en arabe. Une fois que vous vous serez régalés avec le pain (khrobs ( خبز ) en arabe, aghrum ⴰⵖⵔⵓⵎ en berbère), le tajine, et le thé, atay ( أتاي ) en darija, chay ( شاي ) en arabe standard, qui soit avec de la menthe, bin nâa-nâ ( بالنعناع ) ou avec de l’absinthe bin chebâa ( شيح ), vous lui direz que vous rendez grâce à Dieu pour la fin de ce repas, « Llah ekhlef« , à moins qu’il ne vous reste encore un peu de place pour un café, khawa (قهوة), éventuellement avec du lait, halib (حليب).
Apprendre le marocain.
Un livre excellent, en transcription en alphabet romain, « On peut tous apprendre l’arabe dialectal ». A la fois un vocabulaire important, des explications sur la vie marocains, « On peut tous apprendre l’arabe dialectal de Nicole Mermoud ne se trouve plus qu’au Maroc peut être acheté sur Amazon dans sa nouvelle édition, avec deux CD… ou bien sûr en librairies au Maroc.
Ajout des transcriptions en arabe et en amazigh, et correction de certains mots… cet article avait été écrit « à l’oreille » il y a longtemps !
J’ai aussi corrigé le statut du français, qui n’est pas une langue officielle, mais une langue de travail.
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