Ce mois de novembre cumule la fête de la déclaration d’indépendance, vendredi 18, et le vote aux élections législatives, le 25, suite à la réforme constitutionnelle qui a été adoptée par un référendum « napoléonien » au mois de juillet.
Je ne sais pas si ce sont les premiers froids qui arrivent (en tout cas, pour l’Aid, il a neigé sur l’Atlas et le Toubkal a déjà son superbe manteau d’hiver, tandis que vers Ifrane, les moutons s’enfonçaient dans la neige), ou le long effilochement d’une révolte qui n’a pas complètement pris au Maroc, ou le sentiment qu’après le référendum, la « messe est dite », ou la lassitude des Marocains devant des partis politiques qui n’arrivent pas à les convaincre, mais je ne sens pas autour de moi un intérêt marqué pour ces élections.
Les candidats sont nombreux, plus de 7.000 pour « en tout » 19 partis au niveau national, mais beaucoup plus si on compte les formations locales. Les précédentes élections ont montré un taux d’abstention très élevé, il y a beaucoup à parier qu’il en sera de même cette fois-ci.
De nombreux tenants du mouvement du 20 février appellent au boycott, ce qui est illégal au Maroc (comme en Belgique par exemple), et subissent une répression qui peut aller jusqu’aux peines d’emprisonnement prévues par la loi.
Leurs arguments se résument à « pourquoi voter puisque rien ne change et que les politiques sont toujours les mêmes ?« .
D’autres Marocains se préparent à voter, sans grand enthousiasme, et l’Aid ou les derniers matchs de foot remplissent beaucoup plus les conversations, tandis que dans des magazines en ligne comme Yabiladi, la politique française tient autant de place sinon plus que la politique intérieure.
Huit partis ont fait alliance, formations « administratives », dont le P.A.M. (le parti de Fouad El Himma, l’ami du roi, particulièrement visé par les manifestants depuis le 20 février), et on les surnomme le « G8 ».
Contre eux les autres, dont les partis traditionnels, comme l’Istliqual, héritier de la lutte pour l’indépendance, allié à deux autres partis de gauche dans une coalition, et le PJD (Justice et Développement, les islamistes), avec lequel il envisage une alliance, une sorte de front de gauche et de résistance un peu hétéroclite.
Les islamistes modérés sortiront sans doute vainqueurs, comme d’ailleurs dans le reste de l’Afrique du Nord.
Leur programme n’est pas plus « intégriste » que celui de démocrates chrétiens en Allemagne, ou que celui de Rick Perry, actuel gouverneur du Texas et candidat à l’investiture républicaine aux Etats Unis.
Leur programme inclus la lutte contre la corruption (sans précision du comment), un retour aux valeurs islamiques qui conduirait par exemple à rendre l’alcool « discret », sans l’interdire, « comme au Canada« .
En réalité, la politique marocaine reste très dépendante de l’extérieur pour ses aspects économiques et sociaux.
Si l’Europe traverse une crise financière, elle impacte directement le royaume, à travers la baisse de la fréquentation touristique, des transferts des émigrés, et aussi de l’immobilier.
De nombreux progrès sont réalisés, le pays avance sur beaucoup de dossiers, mais les points noirs de la corruption, de la pauvreté rurale et d’un système d’éducation, de santé et de justice défaillant sont toujours là.
La classe politique est en majorité technocrate, vieillie et composée plus de fonctionnaires exécutant la politique du Palais Royal, que de véritables leaders.
En même temps, c’est ce constat en demi-teintes qui fait que le Maroc continue à avancer. Le verre de thé peut être à moitié vide ou à moitié plein, finalement qu’importe ?
Ici, sans cesse, on le vide et on le remplit à nouveau.
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Un commentaire
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