Quels sont les tabous marocains, les lignes rouges et les gaffes à ne pas commettre pour interagir avec les Marocains sans les blesser ou sans avoir de problème ?
Les tabous marocains.
A l’époque de Hassan II, le Maroc vivait dans un état policier, sans aucune liberté d’expression. Il était difficile – impossible – de parler librement avec des Marocains de tout sujet touchant à la politique ou à la religion.
On ne critiquait ni le roi, ni ses ministres, ni sa politique, ni ses fonctionnaires. On disait couramment qu’il y avait deux policiers derrière chaque marocain. Depuis l’avènement de Mohamed VI, la situation s’est beaucoup libéralisée, et la presse s’est multipliée.
Il reste cependant deux tabous, deux lignes rouges à ne pas franchir, que tous les marocains connaissent, la famille royale et la religion.
Tous les grands procès, les censures de journaux, voir les emprisonnements pour délit d’opinion tournent autour de ces deux éléments. Et aucun marocain ne vous suivra sur le terrain de la critique du roi ou de celle de la religion, sauf à très bien vous connaître, et à se trouver dans un cercle d’intimes.
Mais vous pouvez toujours parler des politiques qui entourent le roi, par exemple….
Les sujets sensibles
Ce ne sont pas des tabous, on peut en parler, on en parle même beaucoup, entre Marocains, ou entre Marocains et touristes. Mais ce sont des sujets où il est facile de ne pas se comprendre, à moins d’avoir une bonne connaissance de la culture de l’autre, des sujets où chacun a souvent bien des préjugés.
En vrac, le statut de la femme dans l'Islam, ce bout du Sahara qui fut autrefois espagnol, la démocratie… A aborder avec humilité et ouverture d’esprit.
La pudeur
Tout ce qui touche aux relations entre hommes et femmes est chargé de beaucoup de pudeur au Maroc, au moins tant que les deux sexes sont en présence (je ne connais pas les conversations entre hommes, mais je peux vous assurer que celles des femmes sont crues et sans détours).
En dehors de l’intimité de sa chambre, on évitera donc tout baiser, tout attouchement, toute allusion trop directe, surtout en présence des aînés. On fait beaucoup de choses sans les dire, au Maroc, et si la nouvelle génération est plus ouverte que ces aînés, elle garde souvent le silence, par respect.
Les interdits légaux
Dans le domaine du comportement individuel, il est interdit, en vrac :
- de s’habiller de façon indécente
- de manquer de respect à l’Islam, au Coran, au prophète,
- de faire du prosélytisme pour une autre religion que l’Islam,
- de s’enivrer en public,
- de cohabiter sans être marié,
- d’avoir des relations homosexuelles,
- de se prostituer ou de faire appel à des prostituées
- d’acheter, de consommer ou de trafiquer de la drogue
et ces interdits sont souvent beaucoup plus sérieusement punis qu’en Europe. Il y a aujourd’hui une tendance à ne pas exonérer le touriste de ses responsabilités, pour prouver aux marocains qu’il n’y a pas « deux poids deux mesures ».
D’autres interdits, en revanche, sont – malheureusement – superbement ignorés, comme la loi qui interdit de fumer dans les lieux publics, et qui n’est respectée que dans quelques endroits, comme l’aéroport de Marrakech.
Interdiction des relations sexuelles dans un couple non marié : la loi marocaine
Article 490 du code pénal :
Sont punis de l’emprisonnement d’un mois à un an, toutes personnes de sexe différent, qui, n’étant pas unies par les liens du mariage ont, entre elles, des relations sexuelles.
Article 503 :
Est puni de l’emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de vingt mille à deux cent mille dirhams, à moins que le fait ne constitue pas une infraction plus grave, quiconque tolère l’exercice habituel et clandestin de la débauche par des personnes se livrant à la prostitution dans des locaux ou emplacements non utilisés par le public, dont ils disposent à quelque titre que ce soit.
Le changement dans la continuité
Si la pudeur est moins nécessaire dans les grandes villes, si la cohabitation de couples non-mariés n’est plus vraiment un problème (en tout cas, tant que personne ne porte plainte), si la consommation personnelle de cannabis est très répandue, en réalité peu de choses ont changé.
Les lignes rouges sont toujours les mêmes.
Vous pouvez toujours avoir de sérieux problèmes si vous tentez d’emporter de l’herbe ou une barrette en sortant du Maroc, etc…
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