Le #Brexit voté cette nuit a des conséquences qui dépassent largement le cadre de l’Union Européenne, qui touchent tous ses partenaires, le Maroc en particulier.
Soyons clairs, la seule chose qu’on sache avec certitude, c’est que l’Angleterre et le Pays de Galles ont majoritairement votés pour le #Brexit, l’Irlande et l’Ecosse souhaitant à une très forte majorité rester dans l’Union Européenne, et que l’addition de tout ça donne une majorité en faveur de la sortie.
On ne sait pas ce qui va réellement se passer : le traité de Lisbonne donne deux ans de négociations avant la suspension complète des traités européens. Deux ans qui peuvent être prolongés si les deux parties sont d’accord. Il y a de fortes chances qu’un traité de libre échange soit renégocié, un statut un peu similaire à celui de la Norvège.
En attendant, la livre vient de plonger extrêmement brutalement (-15% en deux heures), les partisans de la sortie de l’Europe dans d’autres pays se mettent à rêver et une période d’incertitude économique se profile ; en effet, la Norvège a obtenu le libre échange en contrepartie de la libre circulation des personnes, or cette libre circulation des personnes est un des éléments forts de la campagne en faveur de la sortie, Nigel Farage et autres ayant agité l’épouvantail de l’émigration non maîtrisée.
Une saison touristique pourrie de plus
La chute du tourisme français et espagnol avait été partiellement compensée par les touristes britanniques. Avec une livre sterling en dégringolade, on peut craindre que les touristes anglais se fassent aussi très rares. Or il y a très peu de chances que la livre rattrape très rapidement sa chute : s’il y a une chose que les marchés détestent, c’est l’incertitude.
Fès, Marrakech, Tanger risquent de souffrir, cette année.
La même incertitude plane sur les partenariats entre le Maroc et le Royaume-Uni
Le Maroc a depuis longtemps cherché à diversifier ses partenariats économiques et à diminuer le poids de la France et de l’Espagne. Le Royaume-Uni faisait partie de cette diversification, comme le prouve l’ouverture d’une école britannique au Maroc. Les relations avec le Royaume-Uni se tiennent dans le cadre plus général du partenariat avancé avec la Communauté Européenne.
Autrement dit, une fois que le Royaume-Uni aura négocié sa relation avec l’Europe, même si’il reste dans l’union douanière, les termes de ce partenariat ne s’appliqueront peut-être plus, et devront à leur tour être renégociés…
Un changement de statut pour Gibraltar ?
Le rocher est peu significatif en terme de population, mais il a voté à 95% pour rester européen. La très grosse différence de vote entre l’Écosse et l’Irlande du Nord d’un côté, la Grande-Bretagne de l’autre, amplifie les tendances séparatistes de ces deux pays.
Au cas où ceux-ci divorceraient la Grande-Bretagne (le Sinn Fein, parti séparatiste, a déjà mis le sujet de la réunion de l’Irlande sur le tapis), on peut imaginer que l’Espagne essaye à nouveau de reprendre Gibraltar et que, cette fois-ci, le Rocher vote « pour », abandonnant le Royaume-Uni pour l’Europe.
(Rappel : la Grande-Bretagne, c’est l’île, elle inclut l’Ecosse, mais là je fais un abus de langage, par facilité).
La montée des nationalismes et de l’extrême-droite
Tous les partisans du #Brexit ne sont pas des extrémistes, loin de là. Si vous comprenez l’anglais, je vous à lire cet excellent article, lucide et modéré, d’un partisan du Leave, dont les raisons sont tout à fait compréhensibles.
Mais ce tweet est vrai, aussi :
The rise of populism, the rise of irrationalism, it's a solid trend now. The erosion of democracy, the rise of illiberalism. A solid trend.
— İyad el-Baghdadi | إياد البغدادي (@iyad_elbaghdadi) June 24, 2016
Et il est clair qu’un certain nombre des partisans du #Brexit ont voté « contre l’immigration », contre « islamized EU under sharia », contre les risques de terrorisme, etc. (Ce qui est paradoxal, étant donné le modèle d’intégration communautaire, mais bon…)
Les mêmes tentations existent dans d’autres pays européens. En France, en particulier, Marine Le Pen fait campagne pour un #Franxit, sans jamais être précise sur les moyens de le gérer ni sur ses conséquences économiques.
L’exemple du Royaume-Uni peut servir les deux camps : dynamiser les partisans convaincus de la sortie (j’en ai vu cette nuit sur Twitter), ou au contraire mettre en évidence les conséquences économiques désastreuses (les autres pays européens étant beaucoup plus intégrés dans l’union) et convaincre les électeurs des risques réels d’une telle option.
Une augmentation des expatriations au Maroc ?
Les ressortissants de l’Union Européenne et particulièrement les français, très nombreux à Londres vont devenir des émigrés dont la vie sera moins facile, si la libre circulation des personnes s’arrête. Ils perdront aussi sans doute pas mal d’avantages fiscaux.
Pour eux, s’ils ne souhaitent pas rentrer en France, le Maroc peut devenir un pays attractif, si leur activité le leur permet. Beaucoup de sociétés sont domiciliées à Londres mais gérées à partir de la France. Les mêmes types de montages sont possibles au Maroc, le soleil en plus !
(PS : article rédigé à 5 heures du matin, après quelques heures accrochée à Twitter : soyez indulgents pour les fautes de frappe !)
Les communications téléphoniques avec le Royaume-Uni coûtent beaucoup plus cher
Conséquence directe du Brexit, Maroc Télécom a annoncé que les communications téléphoniques avec le Royaume-Uni ne sont plus facturées à « une seconde pour une seconde » comme c’est le cas pour les pays européens, dans le cadre d’un accord négocié par Schengen.
Elles coûtent désormais dix fois plus « dix secondes [décomptées] pour une seconde [de communication]« .
En attendant que le Royaume-Uni négocie directement un accord avec le Maroc.
Ironiquement, cette nouvelle arrive au moment où certains Marocains demandent l’l’abandon du français pour l’anglais.
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Un commentaire
Bonjour j apprecie beaucoup de vous lire ,vos écrient sont clairs et fluides et nous apporte enormement de precision quant à l etat actuel des choses visant le Maroc.
Merci