Alors que mon vingtième Ramadan au Maroc va très bientôt se terminer, j’ai replongé dans mes souvenirs.
C’était en octobre 2004 et c’était le premier Ramadan de ma vie. Une partie en circuit avec une amie avide de découvrir mon futur pays (j’étais simplement fiancée, nous nous sommes mariés en décembre), une partie en démarches administratives pour le mariage, une partie tranquille dans un petit appartement loué à Essaouira.

Comme une amie avait voulu me rejoindre, c’était mon premier voyage touristique pendant Ramadan.
Dans la série des « premières fois », c’était aussi la première fois que mon futur mari et moi passions une semaine entière, dans une maison et pas un hôtel, sans programme de visites intensives, en laissant derrière nous le stress administratif. Une première cohabitation de couple. Pendant Ramadan…. je le conseille à tout le monde comme « crash test ».

Il a été comme le sont souvent les Marocains pendant Ramadan, irritable, fatigué, absent car dormant une partie de la journée. En mode « ça passe ou ça casse », c’est passé !
Le site web n’existait pas encore. Il faudra attendre 2006 pour que je commence à parler de Ramadan sur ce blog ! Alors dans cette année un peu spéciale, de souvenirs et de bilans, laissez moi vous raconter mon premier Ramadan au Maroc.
Quelques jours avant Ramadan, le début du circuit
Ramadan 2004, ou plutôt Ramadan 1425 en calendrier hijri a commencé le soir du 14 octobre.
Notre circuit avait commencé trois jours avant, nous avions quitté Marrakech pour descendre dans « notre sud », accompagné par un très jeune neveu de mon mari, qui était manifestement bien triste qu’il se marrie et qu’il soit moins disponible pour lui…
Sur cette photo, deux jours avant Ramadan, on voit encore les théières dans un café !
Et nous sommes arrivés à Tazzarine le 14. Cette photo d’un douar à l’abandon est la dernière que j’ai prise « avant ».

Circuit touristique pendant Ramadan
Nous avions fait fort le premier jour : excursion à dromadaire pour la journée.
En Octobre il fait encre très chaud dans le désert, mais Lahcen et Mohammed sont restés stoïques pendant plusieurs heures, bien couverts avec leur djellaba et leur chèche pour se protéger du soleil.

A l’époque je ne le savais pas, mais être « bien couvert » en multiples couches légères protège finalement assez bien, surtout quand il y a du vent… qu’on devine sur la photo.
Nous étions un peu confuses, mon amie et moi. Mais Lahcen et Bilal nous répétaient que ce n’était pas un problème, c’était leur métier, ils avaient l’habitude.
Et puis c’était le début du Ramadan, il n’y avait pas la fatigue accumulée.

Le traditionnel thé chez l’habitant avait donc été un peu limité : la famille de Lahcen nous avait très gentiment accueillies, proposé un thé, des cacahouètes et des pistaches sans en profiter. Exactement comme ma belle-mère allait me gaver à chaque fois que je passais à Tazzarine pendant Ramadan.

Saïd, notre jeune chauffeur en « formation » avait du mal à tenir la journée entière ; nous faisions tous une longue sieste, un peu à cause de la chaleur, mais il arrivait à mon mari, nettement plus endurant, de reprendre le volant.
A cette époque là, dans le sud, dans la journée, il n’y avait presque rien d’ouvert, juste des arrières salles de petits restaurants ou d’hôtels où l’on nous servait, à nous les gaourias, des omelettes trop cuites qu’on nous laissait accompagner de sandwiches aux sardines à l’huile. Tant qu’on me laissait boire…
Les criquets
Une autre première de ce mois de Ramadan a été la rencontre d’un nuage de criquets. Pas un nuage dense au point d’obscurcir le ciel, mais déjà impressionnant. Ils étaient rouges, donc pas encore complètement développés et, à ce que je sais, ils n’ont pas fait trop de dégâts cette année là.

La première photo a été prise le dernier jour avant Ramadan, ils volaient dans le ciel. On voit toujours le ciel et le soleil, dans les cas les plus graves, tout est sombre et obscurci.
Quelques jour après, nous les avons recroisés, entre Dadès et Todgha.

Quand j’ai lu, quelques années après, le Désert des Déserts, de Thesiger, j’ai pensé à cette bestiole posée sur notre essuie-glace de Land-Rover. Je n’ai jamais recroisé de criquets, sans savoir si c’est dû à une meilleure gestion de la prévention ou à des modifications climatiques. Et je n’ai donc jamais goûté de criquet non plus, pourtant un mets prisé par les Berbères !
Essaouira
Après avoir raccompagnée mon amie prendre son avion de retour à Marrakech, nous sommes partis continuer Ramadan à Essaouira, dans un petit appartement loué en bordure de la medina.
Est-ce que c’est dû à ce second contact après une visite éclair durant l’été ? J’ai été déçue par Essaouira, que j’imaginais comme un paradis pour photographes, alors que l’essentiel des photos est pris sur quelques centaines de mètres. Et puis l’immobilité Ramadanesque m’empêchait de parcourir la ville pour prendre des photos comme j’aimais le faire.

Habitué aux longues soirées du sud et de Marrakech, où l’on peut facilement rester à l’extérieur au delà de minuit, surtout en période de Ramadan, Bilal était très surpris que les rues d’Essaouira ne s’animent pas le soir après le F’tour. Entre sa fatigue du jour et le silence tranquille du soir, nous n’avons pas fait grand-chose….
Néanmoins, la visite à Sidi Kaouki nous a réservé une surprise bien amusante, sur la plage !

2024, un Ramadan sur deux horaires
Mais chaque année m’apporte quelque chose de nouveau pour Ramadan. Cette année, c’est de pratiquer la double journée de travail. Alors que les Marocains commencent en général à travailler plus tard le matin, je dois commencer vers 7h30, parce que beaucoup de mes clients sont en Europe et que le changement d’heure marocain couplé à l’heure d’été en France fait que nous avons deux heures de décalage..
Malheureusement pour moi, cette année, j’ai eu aussi un nombre certain de réunions de travail post-ftour. Car il y a aussi des gens qui travaillent quelques heures après la rupture du jeûne, plus tranquilles et l’esprit plus vif qu’en fin d’après-midi… ce qui me fait des journées de travail à rallonge, sans prétendre aucunement être aussi fatiguée que mes amis musulmans, j’ai hâte que cela se termine !
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