Eh oui, avant-dernière leçon car je vous en rajoute une imprévue sur les voyelles, à venir, mais rassurez-vous c’est très simple.
Aujourd’hui, nous nous attaquons à la dernière série de lettres, qui vont enfin nous permettre de lire tous les mots arabes, même si nous ne savons pas encore trop comment les prononcer !
Je dois avouer que, maintenant que je suis capable de lire, je fais comme les petits enfants, je déchiffre tout ce que je peux dans la rue, et ça marche ! ça me fait tout drôle, cette impression de retomber en enfance (j’avais appris à lire avant même d’aller à l’école), et j’ai aussi l’impression que le monde s’ouvre. Pouvoir déchiffrer les noms des rues, par exemple, ou les panneaux indicateurs, c’est génial. Même si au Maroc ce n’est pas toujours très utile, car la grande majorité sont écrits aussi en caractères latins.

Bon, on y va ! Les lettres d’aujourd’hui sont plutôt difficiles à prononcer et je vous conseille de bien écouter la vidéo et les petits fichiers sons inclus, et de vous exercer, souvent. Au début nous avons tous l’air ridicule, ce sont des sons qui n’existent pas en français, mais en faisant des efforts on y arrive presque.
Les deux premières lettres sont emphatiques. On les prononce donc du fond de la gorge, avec un fort accent.
Le ط : tâ

Il a la même forme ovoïde que le Sad ص, mais avec une barre au dessus. Deux choses importantes : la barre doit être posée sur la courbe de la lettre, pas sur la ligne, et elle est dessinée du bas vers le haut. Regardez bien comment fait Maha dans la vidéo. C’est plus facile, effectivement, pour éviter de « baver » et de rentrer dans la partie arrondie de la lettre. Et aussi, si vous voulez un jour faire de la calligraphie arabe, c’est le bon geste pour pouvoir faire le joli arrêt en forme presque carrées.
A part ça, c’est une lettre très facile, elle ne change pas de forme, toujours pareille qu’elle soit isolée, au début ou à la fin d’un mot. Et au milieu, la seule chose qui change, bien sûr, c’est la ligature avec la lettre précédente.
Le ظ : zâ
Celui-ci est la lettre imprononçable, on dit que l’arabe est la langue du ظ , car ce son n’existe que dans cette langue. Alors pour l’instant, on apprend à l’écrire (c’est un ط avec un point au dessus) et on s’exerce, mais on va mettre très longtemps à y arriver ! Le point se met sur la gauche de la barre verticale.
Les deux dernières lettres aussi se prononcent du fond de la gorge, et sont vraiment caractéristiques de l’arabe
Le ع : Ayn
Le Ayn est un ‘A’ grasseyé du fond de la gorge, tirant vaguement vers le « e ». Il est très utilisé en arabe, où seuls les a courts sont ouverts comme en français (on va voir ça dans la leçon sur les voyelles). Isolé, il a la forme d’un 3 inversé, dont la boucle du haut serait beaucoup plus petite. Et c’est la lettre qui commence le mot « arabe ».
Lui, il change de forme quand il est dans un mot, et il y a même une version pour chacune des positions. En effet, on ne voit son 3 renversé qu’en position isolée.

En position initiale dans un mot, il ne reste que la petite boucle du Ayn. Au lieu de redescendre pour former la grande boucle, on part sur la droite pour faire la ligature avec la lettre suivante.
Au milieu, la lettre ressemble à un triangle inversé. C’est mieux d’arrondir ce triangle, vers l’intérieur pour le côté droit, et vers l’extérieur pour le côté gauche, comme c’est exagéré dans cette calligraphie du Ghayn Hassan Massoudy :

Ou, plus courant, dans ces lignes d’écriture (source Wikimedia Commons) :

En version finale, la grosse courbe du 3 fait sa réapparition, pour bien marquer la fin du mot.
Dans certains cas, comme par exemple quand il est voisin du ا , le ع se pose « sur » la lettre. Il se transforme alors en Arabe - Hamza أ . De la même façon, le ع est souvent muet : dans ce cas aussi on parle de « Hamza », et on marque simplement un petit coup de glotte.
No panic… on reviendra là dessus plus tard.
Le غ : Ghayn
Taddaaaaaaaaaaa طدا (non ce n’est pas un vrai mot arabe) voilà votre dernière lettre de l’alphabet, le Ghayn. Il s’écrit exactement de la même façon que le Ayn, mais avec un point au dessus. Le son est un peu celui d’un G qui se transformerait en R pas roulé, à la française.
Des mots
العربية: la (langue) arabe
C’est le mot avec l’article ال au commencement, qui est attaché au ع : une bonne façon de voir la liaison. (Oui, l'article s'attache au mot en arabe).
عين : l’oeil
L’oeil , a le même nom que la lettre. C’est un mot très important en arabe, pensez au mauvais oeil, dont on se protège avec la خمسة , la « Khamsa », ou « Main de Fatima ». (Le nom vient du chiffre cinq, pour les cinq doigts de la main).
غرب : l’ouest
Les autres points cardinaux :
- L’est : شرق (cherk)
- Le nord : شمال (chamal)
- Le sud : جنوب (djanoub)
Eh oui, le Maghreb, « Al Maghrib » , المغرب , c’est l’ouest, la région du monde ou le soleil se couche. Et le nom d’une des cinq prières.
Allez un petit truc, pour apprendre facilement son vocabulaire. Quand on rajoute devant un mot, cela veut généralement dire « la place où ».
مكتب : le bureau
En application, le bureau c’est la place où l’on écrit. Et le verbe écrire, c’est كتب (en relation avec كتاب , le Livre, et كاتتب , l’écrivain (katib) ).
طالب : l’étudiant
Talib,ou طالبة l’étudiante, , avec son ة (ta marbouta) qui marque le féminin.
طبيب : le docteur
Tabib, qui a donné « Toubib », directement en français. Vous commencez à voir une série, avec tous ces noms de personnes qui font une action, et qui se terminent en « ib » ?
ظلم : la douleur
On est en pleine difficulté de prononciation, et c’est douloureux. Thalam, la douleur, donc. (Je sais, mon moyen mnémotechnique est nul)
ظلم : l’injustice
Là encore, pour se décrocher la langue et la gorge. Et la justice, plus facile, pour se remonter le moral :عدالة (adal)
غزال: élégant, beau
on revient à plus facile, avec غزال, qui a donné en français le nom de la gazelle. C’est d’ailleurs aussi son nom en arabe, tellement les gens trouvent cet animal élégant. Et le surnom qu’on lance aux filles, quand on les drague, ici au Maroc. Amusant que les gens utilisent un mot français qui vient de l’arabe, non.
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2 commentaires
Bonjour,
D’abord, merci pour ce beau site, qui complète efficacement les méthodes dont je dispose.
Sur cette lettre, la méthode que j’utilise actuellement (assimil) fait descendre la barre, alors qu’ici, elle monte.
Je sais que cela peut paraître un détail, pourtant c’est important pour moi, car je pense que l’ordre ainsi que les directions des traits ne sont pas qu’une affaire de goût (il en va de même avec le chinois).
Pourriez-vous svp me dire qu’elle est la graphie traditionnelle ?
Bonne journée !
Bonjour Djelmun,
je suppose que vous faites référence au tâ :) . Le sens des traits donné ici est issu de manuels d’écriture arabes, et il y a deux façons de l’écrire. Celle qui est sur cette page correspond à la calligraphie, c’est le seul moyen de faire un joli arrêt en haut de la ligne avec le calame (article à venir). Par contre, dans l’écriture courante, celle qu’on fait au bic, on a souvent un mouvement qui descend. Merci de la remarque, il faut que je mette l’article à jour !