Sur une discussion dans un groupe d’expat sur Facebook, j’ai encore lu les reproches faits régulièrement par les européens non musulmans vivant au Maroc, « pays d’hypocrites », « pas de liberté », « ils font Ramadan mais le reste du temps ils boivent de l’alcool », bref « hypocrisie », « absence de liberté », « contrainte ».
J’ai eu envie d’y répondre beaucoup de choses, mais le format Facebook ne se prête pas à cela… et puis ces choses, je les avais dites quelques jours plutôt, à un ami belge qui s’est converti pour épouser une marocaine, et qui souffrait mille morts parce qu’il avait l’impression d’être pris dans une dictature intellectuelle et morale insupportable pour ses principes.
Et c’est vrai que, dans mes formations multiculturelles, cette incompréhension de la « schizophrénie marocaine » est ce qui revient le plus souvent, et une des choses qui pose le plus de problèmes dans la relation quotidienne. Elle a plusieurs raisons :
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- une véritable schizophrénie marocaine
- une incompréhension totale des valeurs de l’Islam qui expliquent cette schizophrénie
- une méconnaissance profonde de l’Islam, qui en limite la perception à ces contraintes
- une méconnaissance du poids de la tradition et des valeurs marocaines, surtout pour ceux qui vivent dans des lieux touristiques et qui croient, à tort, que le Maroc est occidental parce qu’il a adopté des habitudes de consommation
- un aveuglement face aux hypocrisies et aux contradictions occidentales, qui ne sont pas moindres, mais autres
- et enfin, pour certains, un état de « manque » qui leur fait dire un peu n’importe quoi
La schizophrénie marocaine
Oui elle existe. J’en ai parlé dans les articles sur la vente d’alcool, sur NationalAds.
Elle est inévitable dans un pays aussi divers que le Maroc. Parce que c’est le seul moyen d’arriver à faire bien vivre ensemble des gens tellement différents.
Des marocains très différents, cultivés, quasi-illettrés, un seul pays
Contrairement à ce que certains disent, le Maroc évolue extrêmement vite.
De nombreux cadres moyens, commerçants, fonctionnaires habillés et vivant à l’européenne sont les enfants de parents illettrés, des fellahs, d’aroubis, de blédards, de gens qu’on trouve merveilleusement typiques quand on les voit en photo ou sur des cartes postales, mais qu’on ne côtoie que le temps de « prendre un thé chez l’habitant » pour les touristes, ou de leur demander de monter un mur ou réparer une canalisation, quand on a un riad. (et en râlant ensuite sur la mauvaise qualité des travaux).
De gens comme mes beaux-parents, donc.
Mon mari est particulièrement libéral. Ce n’est pas un musulman extrêmement pratiquant, mais il est pratiquant. Il nous arrive d’avoir des bouteilles de vin à la maison, pour moi, pour nos amis, pour la cuisine. Néanmoins, dès que ses parents arrivent, l’alcool est caché, pour ne pas les choquer.

Lors de notre mariage, que nous avons fêté traditionnellement, au bled, dans le sud marocain, avec toute la famille invitée, il y avait des tables pour nos invités européens. La seule particularité de ces tables, c’est que les bouteilles de Coca contenaient du vin. Aucun musulman ne s’est trompé. Les quelques marocains qui ont trinqué du Coca avec les invités européens savaient parfaitement ce qu’ils faisaient, et personne ne s’est trompé de bouteille.
C’est sans doute, en résumé, tout ce qui fait le « bien vivre ensemble » au Maroc.
Un pays ouvert, tolérant, avec des limites
Le Maroc est un pays exceptionnellement tolérant. Par rapport à ses voisins maghrébins, à d’autres pays dans la sphère arabo-musulmane (car ce serait une erreur de limiter l’Islam au monde arabe), la liberté, pour les étrangers, y est exceptionnelle. Pour les marocains, la législation est de plus en plus libérale. Le Maroc est, par exemple, le seul pays arabo-musulman qui permette à un enfant né sans père d’avoir un état civil complet, la nationalité marocaine sans restriction. Même s’il est imparfaitement appliqué, le code de la famille est extrêmement protecteur de la femme.
Néanmoins, le Maroc reste un pays musulman, c’est-à-dire un pays où la loi est gouvernée par la religion. Si on ne l’accepte pas, on n’a rien à y faire.
De plus, oh surprise pour les français, de nombreux marocains sont sincèrement musulmans, viscéralement, je dirais. Être religieux n’empêche pas de faire des entorses à sa morale et à sa foi (sinon, pourquoi les confessionnaux catholiques existeraient-ils, hein ?), mais on les fait en considérant que c’est mal, et donc que ça doit se cacher…
Ce sont les bases de cette schizophrénie.
Comprendre l’Islam est indispensable pour comprendre les marocains
De la même façon que nous baignons, sans nous en rendre réellement compte, dans une culture qui reste profondément marquée par les valeurs chrétiennes, les marocains, eux, baignent dans une culture profondément musulmane.
A moins d’avoir vécu toute son enfance à l’étranger, coupé de toute communauté d’émigré et de tout contact avec sa famille marocaine, un marocain a été baigné dans la religion depuis sa plus tendre enfance. Il a appris à lire avec le Coran, il a eu des cours de religion à l’école (c’est même une matière au baccalauréat), et il a vu ses parents, ses grand-parents pratiquer. Il a l’Islam dans le sang, même si il ne pratique pas.
S’intéresser à l’Islam, cela ne veut pas dire qu’on va se convertir. Mais cela permet de nettement mieux comprendre ses voisins, son conjoint… et accessoirement, de pouvoir discuter en prenant appui sur « sa » religion, « ses préceptes », au lieu d’avancer des arguments qui se résument de façon caricaturale à « espèce de con obscurantiste et attardé qui ne comprend pas notre merveilleuse laïcité et notre liberté universelle« . (Dois-je vraiment préciser que cette phrase est à prendre au second degré et ne reflète pas mes opinions, bien au contraire ?)

Se cacher pour ne pas choquer les autres
Et cela permet de comprendre une des bases de cette schizophrénie : pour un musulman, quand on commet un péché en public, on associe les spectateurs à sa faute, on les fait pécher aussi. C’est un peu similaire à la version chrétienne, « Malheur à celui par qui le scandale arrive », mais c’est beaucoup plus fort. Plus fort, parce qu’il y a aussi la « Umma », la notion de communauté.
Se cacher, manger pendant Ramadan mais à la maison, ce n’est donc pas seulement la crainte de la sanction ; c’est avant-tout le respect de l’autre, et c’est ce manque de respect qui est sanctionné, plus que la faute.
Si les musulmans s’appellent entre eux, souvent, « mon frère » ou « ma soeur » ça correspond bien à un sentiment de communauté. Et cette communauté a aussi ses avantages. C’est un mode de vie aux antipodes de notre individualisme. Il a, comme tout mode de vie, ses avantages et ses inconvénients.
L’occidentalisation est surtout « de surface »
Porter un costume, aller au cinéma, envoyer ses enfants dans les écoles françaises au Maroc, parce que l’éducation y est meilleure, ça ne veut pas dire qu’on renonce à ses valeurs traditionnelles, bien au contraire.
Le Maroc pratique le week-end occidental, mais on travaille peu le vendredi, soit parce qu’on consacre du temps à la prière, soit parce qu’on digère le couscous (ou les deux).
60% des marocains, y compris les jeunes et les jeunes femmes, pensent que c’est mieux qu’une femme porte le voile. Ce qui ne veut pas dire un « niqab », et qui n’empêche pas femmes voilées et non-voilées de se tenir la main dans la rue ou d’aller ensemble à la plage.
Les Marocains sont très majoritairement attachés à l’Islam, au respect de ses pratiques, la contestation de celles-ci est un des rares tabous infranchissables.
C’est comme ça. Point-barre. Et je pense que ce n’est pas à des étrangers installés – théoriquement – en toute connaissance de cause dans ce pays de le critiquer.
La culture occidentale a tout autant d’hypocrisies
Avez-vous déjà essayé de boire une bouteille de bière dans un parc à New-York sans la dissimuler dans un sac en papier ? (et que ce soit Ramadan ou pas, hein…)
Savez-vous ce que risque une personne qui urine sur le bord d’une autoroute aux États-Unis ? A quel point vous pouvez choquer si vous portez un maillot de bain qui n’écrase pas vos tétons ?
Vous êtes vous déjà demandé en quoi l‘inégalité salariale entre hommes et femmes en France, une des plus élevées en Europe, répondait à nos valeurs d’Égalité ? S’il était réellement normal que, dans une république laïque qui interdit le port du voile aux fonctionnaires, on finance des écoles privées religieuses et on refuse la construction de mosquées, qu’on accepte de faire des horaires réservés aux femmes dans les piscines municipales pour les associations juives mais pas pour les femmes musulmanes ?
Allons plus loin encore : le concept de liberté d’expression aux États-Unis est largement plus large qu’en France. Une loi contre le négationnisme, qui ne choque personne chez nous, serait impensable là-bas. Il n’y a pas de « meilleur système ».
Pour résumer, avant d’accuser le Maroc d’hypocrisie et de vouloir le révolutionner, on pourrait appliquer un proverbe bien occidental qui trouve ses racines dans l’évangile et qui nous recommande de faire attention à la poutre qu’on a dans l’œil avant de regarder le fétu de paille chez l’autre…
Ramadan : le tabou suprême ?
Par rapport à beaucoup d’autres prescriptions, le non respect de Ramadan est un des tabous suprêmes.
Pourquoi ? Parce que c’est un effort collectif, on souffre de concert, certes, mais on « profite » de concert : Ramadan ce n’est pas seulement les privations, c’est aussi la rupture du F’tour ensemble, où on invite ses voisins, ses amis.
C’est d’ailleurs une bénédiction de partager le F’tour avec quelqu’un…
C’est une ambiance très spéciale. Pour ceux qui sont pratiquants, c’est réellement un mois de spiritualité, pour ceux qui le sont moins, c’est l’occasion dans l’année de l’être (comme Pâques pour les chrétiens) et de se « rattraper », et pour ceux qui ne le sont pas du tout, c’est aussi le moment de partager avec tous les autres marocains.

Ramadan, c’est notre Noël. Ce sont les souvenirs d’enfance, les bons petits plats préparés amoureusement par la maman et la grand-mère…
Oui, un grand nombre de marocains quittent le pays pendant Ramadan pour ne pas en subir les contraintes. On parle de trois millions.. mais le même nombre de MRE reviennent au Maroc pour le vivre mieux qu’en Europe.
Ramadan est un des cinq piliers de l’Islam. Il est donc nettement plus important que le port du voile, que la circoncision, ou même que l’interdiction de l’alcool ou du porc.
A mes yeux de non-musulmane, qui exprime une opinion personnelle, il est moins grave de ne pas respecter Ramadan que de ne pas faire la Zakat (l’aumône), un autre des cinq piliers. A partir du moment où on fait ça discrètement (cf. ne pas choquer). En effet, en ne faisant pas la Zakat, on prive quelqu’un (le pauvre) de quelque chose, alors que ne pas jeuner reste un péché purement personnel. Cette exégèse théologique reste une opinion personnelle… néanmoins si un marocain vous gonfle un peu trop avec Ramadan, vous pouvez toujours dévier la discussion là-dessus :)
Pour un marocain, ne pas respecter Ramadan, c’est comme si un joueur de l’équipe française chantait l’hymne national de l’équipe adverse pendant une une rencontre du mondial. Juste pour vous montrer comme c’est important, et collectif.
Et si on se focalisait sur les bons côtés ?
Une culture, c’est un tout.
Avec les mauvais côtés de cette pression sociale viennent aussi des choses très positives, qui font tout le charme du Maroc.
L’Islam marocain, c’est aussi celui qui organise le Festival des Musiques Sacrées de Fès, un espace de rencontre international qui accueille les danses des Apsaras, des choeurs chrétiens comme des derviches tourneurs.
Une communauté, cela veut dire aussi de l’entraide, et la charité musulmane est réelle. La Zakat est tout aussi importante que le Ramadan, la communauté soutient les pauvres, on s’entraide entre voisins, la générosité marocaine est réelle (elle diminue alors quand les marocains sont très occidentalisés).
Les valeurs musulmanes sont aussi des valeurs d’intégrité et d’honnêteté. Mes clients musulmans pratiquants sont des perles qui me payent rubis sur l’ongle, qui me font confiance, des clients comme on en souhaite à tout le monde.
Vivre dans un pays, ce n’est pas se mettre dans une petite bulle où on trouve son Ricard et son saucisson, en se tapant la panse entre expatriés, en disant du mal des Marocains. C’est – théoriquement – aimer sa culture, sa vie quotidienne. Si on vit au Maroc sans aimer « tout le pays », autant ne pas y être.
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67 commentaires
Je vais donc m’arrêter là, car vous avez raison : la manière dont cet échange, enrichissant au début tant que le propos restait général, a pris un détour problématique lorsqu’il s’est centré sur l’exemple de votre mariage. J’ai certainement été maladroit en orientant trop mon propos sur cet exemple, alors que mon objectif était d’illustrer des principes généraux indépendants de cette situation. Je n’ai rien à dire à votre mari/sa famille sur comment vous avez organisé votre mariage, ils ont toute la liberté de faire comme ils veulent !
Je dirais simplement qu’à mon sens, la courtoisie est précisément le contraire du respect d’une norme commune : c’est le respect de ce qui n’est pas commun, le respect des principes de l’autre même lorsqu’on ne les partage pas.
C’est mon dernier commentaire, avec mes excuses pour ce qui vous a gêné
Je pense que j’aurais volontiers continué cet échange de façon plus facile, par mail… mais comme vous cachez le vôtre, ce n’est pas facile !
Oui, ça a un peu dérapé sur une anecdote que vous visualiser, je pense, dans un contexte très différent de ce qui s’est réellement passé, mais je n’ai pas envie de donner plus de détails en public :)
Pour la courtoisie, c’est la norme commune qui définit ce qui est impolitesse ou pas. Par exemple, pour un Français comme vous et moi, il est courtois de respecter les croyances de l’autre et de ne pas essayer de le convertir aux nôtres. Pour un Musulman, le « rentre dedans propagandiste » est une vertu et donc absolument pas discourtois.
J’espère que vous reviendrez ici…
Il y a beaucoup de suppositions :) pour savoir qui je suis il suffit de cliquer sur le nom de l’auteur de l’article^^
« Je suppose que les Marocains qui souhaitaient également boire du vin n’étaient pas ceux du douar local, mais ceux qui sont venus pour la fête d’ailleurs au Maroc »
C’est une supposition erronée.
D’autant plus, que, d’une certaines façons, tous les Marocains étaient, à la base, du douar local, y retournent au moins une à deux fois par an, payent leur cotisation pour l’omcid et l’imam local, etc.
J’ai un sentiment bizarre en vous lisant. En fait, vous êtes en train de critiquer « pour les locaux » la façon dont mon mari, « local » et son père « local » ont eu envie d’organiser la cérémonie, la fête, et la façon dont eux-mêmes ont décidé de gérer les contradictions internes de la société marocaine.
Ça me gêne profondément, je vous avoue, et au fond, ça ne me semble pas plus « respectueux » des Marocains que de ne pas boire devant eux.
Je connais aussi un certain nombre de Marocains athées, agnostiques, et même convertis à d’autres religions, qui le sont d’une façon discrète, voir secrète.
Je vous propose simplement de réfléchir à ce qu’est la courtoisie sinon, justement, le respect d’une norme commune ?
J’ai donné ici cet exemple de l’organisation du mariage, mais j’ai vu de très nombreuses fois cette façon de faire, en toute « discrétion commune » . Mon propos n’est pas de dire si c’est bien ou mal, mais « comment ça marche ».
Bonjour et merci pour votre article qui donne à réfléchir. Je suis un jeune Français résident au Maroc et s’il est vrai que gérer les contradictions internes d’une société si diverse peut être très compliqué quand on est soi-même extérieur à cette culture, mais c’est aussi très enrichissant. J’aurais cependant deux points de désaccord que je souhaite soulever.
D’abord, vous semblez expliquer en grande partie l’hypocrisie sociale par le respect de la différence. Pour moi, respecter l’autre, c’est m’abstenir de faire ce qui le choque en sa présence, pas le faire en faisant semblant de ne pas le faire. Pour votre exemple du vin dans les bouteilles de coca lors de votre mariage mixte : vous dites vous-même que personne ne s’y est trompé… donc, au fond, tout le monde savait. Ceux qui buvaient faisaient semblant de ne pas boire pour ne pas choquer, et ceux qui ne buvaient pas faisaient semblant de ne pas le voir pour ne pas être choqués. Au final, tout le monde savait que c’était de l’alcool, mais tout le monde faisait semblant de ne pas le savoir. Je suis désolé, mais je ne vois pas en quoi ce jeu de dupes est particulièrement respectueux. Le vrai respect aurait été de ne pas servir d’alcool à la cérémonie pour ne pas choquer ceux que cela dérange, et de laisser ceux qui en veulent en acheter pour eux-mêmes s’ils le souhaitent et le boire en dehors des festivités (ou éventuellement entre eux dans une salle privée). Personnellement, je bois rarement de l’alcool au Maroc (alors que ça ne me pose aucun problème de conscience d’en boire et que je le fais quand je rentre en Europe) : je n’en achète pas pour moi pour ne pas choquer ceux qui me verraient en acheter, et quand on m’en propose, j’accepte si je sais que je suis dans un cadre où ça ne va déranger personne, sinon je préfère laisser.
Ensuite, par rapport aux réactions très virulentes au non-respect du jeûne du Ramadan. Pour moi, sauf circonstances particulières (voir paragraphe suivant), j’évite de manger et de boire en public pendant le Ramadan, par respect pour la grande majorité qui jeûne. Je ne jeûne pas, je mange chez moi comme je veux, en privé. C’est une question de vivre-ensemble, de politesse et de courtoisie… mais en aucun cas une question légale : la loi n’a pas à interdire d’être malpoli ! La personne malpolie se punit elle-même par les conséquences néfastes de son comportement sur ses relations sociales, mais elle n’a pas à être punie au-delà de cela. Donc, je trouve absolument aberrant qu’il y ait des sanctions pénales pour non-respect du jeûne, et je ne pense pas être un « Occidental supérieur prétentieux donneur de leçons » en exprimant cela.
Si je voyage en plein mois de Ramadan et qu’il fait très chaud (précision : j’habite Marrakech !) , j’ai ma bouteille d’eau avec moi dans le train/bus, visible dans mes mains. Quand j’en bois une gorgée, je m’arrange pour être discret, mais je ne vais pas me cacher non plus. Pour moi, parce que je suis Européen et étranger, ça n’a pas de conséquences (à part éventuellement un regard désapprobateur, et encore c’est rare)… mais si un Marocain faisait la même chose, il se ferait lyncher et irait en prison ! Alors qu’il ne se considère peut-être pas comme musulman, ou que l’islam n’est peut-être rien de plus pour lui qu’un héritage culturel, ou encore que la spiritualité est importante pour lui mais qu’il n’a pas envie de se priver d’eau en pleine chaleur estivale… ou même qu’il a des problèmes de santé qui l’obligent à s’hydrater régulièrement.
Bonjour Manu
merci tout d’abord d’avoir pris le temps de me lire, et de faire une réponse aussi détaillée et réfléchie.
Je vais donc essayer d’avancer sur nos points de désaccord :)
La première chose qui est importante, c’est quand vous dites
Non, pas du tout. Vraiment pas :) Le respect dont je parle est celui d’un Marocain pour ses aînés, pour ses « frères » musulmans, envers qui il a un certain nombre de devoirs, le premier étant de ne pas pécher en public.
Comme le dit très bien Abdel dans son commentaire c’est une prescription religieuse. Pécher en public est « mot compte double », car vous forcez ceux qui sont à côté de vous à participer à votre faute, ou alors à s’élever fortement contre (et on tombe dans la problématique du jeûne de Ramadan).
Respecter l’autre, dans ce cas, c’est avant tout ne pas le forcer à prendre part, en tant que témoin passif, à votre péché, lui donner la possibilité de ne pas voir.
Certes dans l’idéal, on devrait s’abstenir… Mais en pratique, jeune Européen vivant à Marrakech vous bénéficiez d’une liberté de vie dont beaucoup de Marocains ne rêvent même pas. En dehors de ceux qui appartiennent aux classes supérieures, on vit chez ses parents jusqu’au moment où on est marié, ou chez un oncle, la famille… bref, rentrer « chez soi » ne permet pas de faire ce qu’on veut.
Pour reprendre le cadre de mon mariage, j’avais bien précisé dans l’article que nous étions au bled. C’est à dire qu’il était impossible pour les invités de sortir acheter de l’alcool, tout simplement parce qu’il ne s’en vend pas.
Proposer une salle privée ? Cela revient exactement au même, tout le monde aurait su qu’ils allaient boire en les voyant se diriger là bas. Et il y aurait eu la même réprobation à l’encontre des marocains qui s’y rendaient. Ceux qui souhaitaient boire de l’alcool le faisaient beaucoup plus discrètement en se servant un « Coca » qu’en allant dans une autre salle. Entre autres, parce qu’il y avait du vrai Coca…
Ce choix d’organisation avait d’ailleurs été fait par mon mari, marocain et musulman.
Pour reprendre vos termes, il n’y a pas, en dehors de la grande bourgeoisie marocaine, de cadre où un musulman puisse boire de l’alcool ouvertement sans déranger personne. Et d’ailleurs, la loi marocaine interdit toujours de vendre de l’alcool à un musulman.
Quant au jeûne de Ramadan, même si un certain nombre de Marocains luttent contre la pénalisation de la rupture du jeûne, ils sont extrêmement minoritaires. Et si le Maroc est un des rares pays musulmans à avoir une loi qui pénalise le fait de manger en public, les autres pays pratiquent la même rigueur en utilisant des lois plus générales, sur le blasphème ou l’indécence.
Que dit la loi, exactement ? (Loi qui vient, en fait, des Français) Qu’il est interdit, pour quelqu’un qui est notoirement musulman de rompre le jeûne en public sans raison valable.
Les problèmes de santé sont une raison valable…
Être notoirement musulman, c’est être considéré musulman par les autres. On ne quitte pas l’islam comme cela, en déclarant « pouf je ne le suis plus », la spiritualité ou l’athéisme de la personne n’entre pas en ligne de compte, ce qui est important, à nouveau, c’est le regard de l’autre sur la personne, le fait de ne pas choquer l’autre, de ne pas le forcer à participer à son propre péché en le faisant en public.
Mais le Maroc est en progrès :) sous Hassan II, même chez soi, il fallait se cacher, on pouvait être dénoncé par sa femme de ménage, son gardien, et subir les mêmes conséquences que celles d’une rupture publique du jeûne.
Donc je dirais que dans votre approche, vous n’êtes certainement pas « supérieur, prétentieux et donneur de leçons », mais vous êtes très certainement un Occidental imprégné d’une culture laïque où la séparation du religieux et du politique est inscrite dans l’Évangile même, et n’a été battue en brèche que par Henri VIII, une société qui valorise l’individualisme, alors que l’Islam valorise avant tout la communauté, l’Oumma, et vous n’avez peut-être pas non plus totalement pris conscience du poids que cette communauté fait porter sur chaque individu.
Et donc des nécessités d’aménagement :)
Merci de votre réponse.
– J’avais bien vu que votre mariage a eu lieu au Maroc. Vous ne précisez pas dans quelle ville, dans toutes les grandes villes il y a des points de vente d’alcool agréés. Les visiteurs Français étaient certainement logés à l’hôtel, beaucoup d’hôtels vendent des boissons alcoolisées à leurs clients. Sinon, ceux qui souhaitaient boire leur vin pouvaient toujours en emmener dans leurs bagages. Et puis franchement, quand on voyage dans une société musulmane où on sait que l’alcool est tabou, on peut bien survivre à quelques jours sans alcool… En tout cas, le vin n’était manifestement pas totalement introuvable au lieu de la fête, puisque vous en avez trouvé pour la fête ;-)
Je n’adhère pas du tout à votre idée de « péché public/donner la possibilité de ne pas voir », mais même en suivant cette logique, elle ne s’applique pas à la situation que vous décrivez : les Marocains voyaient bien qui se servait à la table des bouteilles de Coca remplies de vin, même s’ils n’avaient pas vu la personne se servir ils sentaient bien que ce « Coca » qu’elle avait dans son verre avait une drôle d’odeur, ils faisaient seulement semblant de ne pas le voir pour ne pas devoir réagir.
– Jeune Européen résident à Marrakech, je bénéficie effectivement d’une liberté supérieure à celle de la plupart des Marocains et j’en suis conscient. Cependant, je n’en « profite » pas tant que ça : je n’achète pas d’alcool même si en tant que non-Marocain non-« notoirement musulman » j’en aurais le droit, je ne mange et ne bois pas en dehors de ma maison pendant le Ramadan, étant célibataire vivant seul je n’invite pas de femmes chez moi, etc. Pas parce que ces choses me posent un problème de conscience à moi, mais parce que je ne souhaite pas mettre mal à l’aise le Marocain musulman qui me verrait faire, créer une distance inutile entre lui et moi. C’est un choix volontaire librement consenti, parce que j’estime que c’est une question de respect d’autrui, de civisme. Au final, ma vie est certainement plus « frugale » que la majorité des jeunes Marrakchis de mon âge, qui font toutes sortes de choses pas très islamiques… en cachette.
– Je comprends aussi pour les limites de la sphère privée quand on habite en famille dans la société marocaine. Il me semble cependant qu’il y a une différence entre « imposer » ses « péchés publics » à sa famille proche et à des inconnus dans la rue.
– Être « considéré par les autres comme » quoi que ce soit est une absurdité si on ne se considère pas soi-même de la même manière. La communauté n’a de sens que pour qui se sent y appartenir.
Nous sommes au 21° Siècle, dans une société mondialisée, où un Marocain peut, comme n’importe qui d’autre dans le monde, choisir de quitter la religion « traditionnelle » de sa culture, pour une autre ou pour aucune. Si l’islam marocain refuse de l’accepter, il doit également refuser les conversions à l’islam d’Occidentaux de culture chrétienne ou laïque.
– Tous les ans, on entend parler de cas de personnes arrêtées pour non-respect du Ramadan, alors qu’elles avaient juste bu un peu d’eau pour des raisons médicales. S’il s’agit d’une raison valable en principe, ce principe n’est pas respecté en pratique.
Rebonjour
« Vous ne précisez pas dans quelle ville » … non effectivement, car il ne s’agissait pas d’une ville. J’ai dit, dès le début de l’article, que c’était « au bled ». Petite leçon de vocabulaire :) quand on est en France, le « bled » c’est le Maroc tout entier. Par contre, le « blédard », c’est le « bouseux », le Marocain du fin fond de la campagne. Quand on est au Maroc, le « bled », c’est cette même campagne, les coins reculés, les petits villages…
En dehors des grandes villes, et particulièrement de Marrakech, non, il n’y a pas beaucoup d’hôtels qui vendent des boissons alcoolisées à leurs clients. Là où nous nous sommes mariés, il y avait deux hôtels seulement, et aucun établissement avec licence d’alcool, et c’est une situation très fréquente, je vous invite à passer le col de Tichka et à aller tourner dans le sud…
Le vin avait été apporté, volontairement, par quelqu’un qui avait fait les trois heures de route nécessaires, pour acheter ça et pas mal d’autres provisions à la ville voisine.
« Et puis franchement, quand on voyage dans une société musulmane où on sait que l’alcool est tabou, on peut bien survivre à quelques jours sans alcool » sauf que… l’acool n’est pas « tabou » au Maroc, le Maroc a une grosse consommation d’alcool, sauf que, peut-être que des Marocains invités à cette fête avaient eux aussi envie de boire du vin ?
« ils sentaient bien que ce “Coca” qu’elle avait dans son verre avait une drôle d’odeur » Encore aurait-il fallu être à la même table…
« Je n’adhère pas du tout à votre idée de “péché public/donner la possibilité de ne pas voir” »
Là je suis désolée, ce n’est pas « mon idée », c’est la religion. C’est déjà expliqué dans un commentaire… Si vous n’y adhérez pas, vous ne comprendrez pas grand-chose à la pudeur marocaine, à la séparation entre l’espace privé et l’espace public, aux regards qu’on détourne de l’homme qui cuve sa cuite par terre, etc.
« Il me semble cependant qu’il y a une différence entre “imposer” ses “péchés publics” à sa famille proche et à des inconnus dans la rue. »
D’un point de vue religieux, aucune. La famille proche est toute aussi musulmane que le voisin ou l’inconnu qui passe. D’un point de vue pratique, en dehors des grandes villes, tout le monde connait tout le monde. Et tout le monde est souvent plus ou moins apparenté. Même dans les grandes villes, les derbs recréent des espaces de proximité. Mais n’oubliez jamais que tout musulman est censé être le frère de tout musulman.
« où un Marocain peut, comme n’importe qui d’autre dans le monde, choisir de quitter la religion “traditionnelle” de sa culture, pour une autre ou pour aucune. »
Non, pas au Maroc. C’est votre souhait, c’est votre vision de la liberté religieuse, ce n’est pas celle de la majorité des Marocains. Et en tant que démocrate et partisan des libertés individuelles, à mon avis, vous êtes bien obligé de reconnaître et d’accepter le voeux de la majorité.
J’ajouterais qu’à mon avis personnel, cette acceptation, ce respect de ce que les Marocains souhaitent pour eux-mêmes dans tout le pays est plus important que le respect de règles et de pratiques religieuses qui ne concernent que les musulmans.
« Si l’islam
marocainrefuse de l’accepter, il doit également refuser les conversions à l’islam d’Occidentaux de culture chrétienne ou laïque. »J’ai barré le mot marocain car ce refus de la conversion est commun à toutes les sociétés musulmanes, c’est, là encore, un fondamental de la religion.
Qui a été pratiqué par toutes les sociétés chrétiennes jusqu’au XIX° siècle. Qui est pratiqué de façon encore plus stricte par le Judaïsme, puisqu’on ne peut pas quitter le peuple d’Israël, comme on dit.
« Nous sommes au 21° Siècle, dans une société mondialisée »
La mondialisation, au bled, c’est de regarder des feuilletons égyptiens et mexicains sur une télé chinoise, ça ne va pas plus loin. Et c’est pareil dans les quartiers populaires. Ne vous fiez pas à la couche de modernité, le Maroc est beaucoup plus traditionaliste que vous ne l’imaginez, même à Marrakech et Anfa.
Pour moi, au bled, j’ai souvent l’impression d’être au XVIII° ou au XIX°.
« Tous les ans, on entend parler de cas de personnes arrêtées pour non-respect du Ramadan, alors qu’elles avaient juste bu un peu d’eau pour des raisons médicales. »
Non, pas tous les ans, et quand on en entend parler, il s’agit plus de personnes qui ont été interpellées, mais pas poursuivies… quand il s’agit réellement de raisons médicales, et pas de faux prétextes :D
Boire quand on meurt de soif (au sens figuré) est tout à fait toléré. Quand j’habitais à Ouarzazate, j’ai même vu des ouvriers qui travaillaient en plein cagnard venir me demander de l’eau et boire, tout de suite, devant tout le monde, dans la rue.
Quand quelqu’un fait un malaise, on lui donne à boire, et voilà.
C’est juste un jour de jeûne à rattraper.
Les incidents concernent en général d’autres choses, manger, s’habiller d’une façon qui ne convient pas, ou même avoir des relations sexuelles. Ou ceci, par exemple :
https://fr.le360.ma/societe/ramadan-deux-de-jeuneurs-arretes-a-skhirat-215245
« Boire des sodas » ce n’est pas un verre d’eau pour raisons médicales.
Il se trouve que c’est un sujet qui m’intéresse, et les seuls cas que j’ai pu retrouver, c’est ça :
https://telquel.ma/2016/06/18/zagora-deux-de-jeuneurs-condamnes-a-deux-mois-de-prison-avec-sursis_1502557
https://www.rtl.fr/actu/international/maroc-2-mois-de-prison-avec-sursis-pour-avoir-rompu-le-jeune-du-ramadan-en-public-7779099301
(Dans le second on est à nouveau dans une consommation d’autre chose que de l’eau).
Re-bonjour
– Je n’avais effectivement pas compris que vous parliez du Maroc rural (que, contrairement à ce que vous avez l’air de penser, je connais et fréquente également et avec grand plaisir). Je connaissais la nuance de vocabulaire, mais puisque vous êtes vous-même Française, j’ai pensé que vous parliez du « bled » dans son sens français. Désolé du malentendu donc.
Je suppose que les Marocains qui souhaitaient également boire du vin n’étaient pas ceux du douar local, mais ceux qui sont venus pour la fête d’ailleurs au Maroc, où on peut trouver de l’alcool, soit légalement soit dans l’espace informel toléré. S’ils tenaient tant que ça à en avoir, rien ne les empêchait donc d’en emmener avec eux, comme l’a fait la personne qui vous a fournis pour la fête. A titre personnel, je trouve que, dans un tel milieu où l’immense majorité des locaux désapprouve de l’alcool, c’est mieux pour tout le monde, étrangers ou Marocains, de s’en abstenir par respect pour leurs hôtes, surtout que juste pour la durée de la fête ce n’est franchement pas invivable… mais ça, c’est à chacun de voir. Je m’arrête là, je ne suis pas là pour vous expliquer comment vous auriez dû célébrer votre mariage ;-)
– Au Maroc, il existe des gens qui sont Marocains et qui, pour des raisons qui leur sont propres, ne se considèrent pas eux-mêmes comme musulmans. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut autoriser ni interdire, parce que le cheminement intérieur d’une personne est incontrôlable, et même inconnaissable si la personne ne l’exprime pas. Le fait que l’islam et le droit ne reconnaît pas leur existence ne les fait pas disparaître pour autant, ça crée juste une fiction théologique ou juridique. Ils n’existent pas que dans la haute bourgeoisie ou dans les milieux les plus occidentalisés : rien que dans mes connaissances personnelles, il y a un plombier d’un quartier populaire de Marrakech converti au christianisme à plus de 50 ans (après avoir fait le hajj), un chauffeur de taxi athée radical et un potier de la vallée de l’Ourika théiste aristotélicien. Ces personnes ne sont pas moins Marocaines que tous les autres. Elles respectent les usages islamiques en public par égard pour la majorité de leurs compatriotes, mais ce n’est pour elles qu’une question de courtoisie, pas de soumission à un quelconque diktat communautaire. Nier leur existence publiquement en la tolérant tacitement en privé ne leur porte pas vraiment préjudice personnellement, mais empêche seulement la société marocaine de se connaître telle qu’elle est vraiment.
Bonjour Marie-Aude,
Je retombe par hasard sur ce commentaire et votre article, que j’avais enregistré puis jamais ré-ouvert depuis… je découvre votre réponse du coup :) J’ai le plaisir de voir que depuis les quelques mois (presque 1 an et demi quand même !) où j’avais écrit ces lignes, bien des choses ont changé, j’ai réussi à trouver cette sérénité dont je parlais, et à me « réintégrer » pleinement ici, en accord avec ce pays, malgré ses défauts, malgré ses difficultés. J’entends aussi votre sage conseil, qui dit que ces phases peuvent également réapparaître, rien n’est acquis une fois pour toutes, et que en effet parfois c’est aussi un mélange de d’autres choses qui auraient tout à fait pu se produire ailleurs…
Bref, doublement merci… vous avez participé à ce changement, et oui, vous pouvez vous dire qu’en effet votre article a de façon certaine contribué à quelque chose de positif chez une e de vos lectrices ! La magie d’internet…
Malheureusement trop souvent les commentaires négatifs ressortent, partout sur le web, mais j’y trouve aussi énormément de positif et de belles inspirations. J’essaie de me concentrer là dessus :)
Et avec plaisir pour un thé, très sincèrement ce serait un honneur. Je vous envoie un message par email. Belle journée !
Bref, tout cela pour dire que je suis profondément ancrée dans ce pays, je l’aime plus que tout et même au regard de mes difficultés d’aujourd’hui je ne souhaite pas le quitter au contraire, et je m’y vois et j’y vois mes enfants grandir. Je les vois aussi dans leur foi musulmane, même si j’ai du mal à en tracer les contours exacts, et c’est justement l’une des quêtes que je mène en ce moment.
Le but de mon message n’est pas de raconter ma vie, même si j’avoue que de lire ces témoignages de d’autres personnes dans ma situation fait tjs du bien, mais je voulais surtout vous remercier, car la lecture de cet article m’a permis de renouer avec ce que j’aime profondément ici, de sortir de cette spirale stérile de la critique, où, à force d’être trop entourée de ces expats qui aiment trop critiquer ou crier haut et fort à la laïcité, on s’éloigne, on se perd, on n’ose plus penser ce qu’on pensait à notre arrivée ici, on n’a plus ce même regard, on se concentre sur ce qui ne va pas, on se dit que cela ne nous correspond plus, on se pose trop de questions, et on oublie qu’au fond ce pays nous a conquis pour ce qu’il est dans son âme…
On oublie qu’effectivement on est acceptés ici mais que personne ne nous oblige à y rester, et qu’en tant qu’invité, comme vous le dites, on n’a pas à refaire la déco… Rien ne nous interdit d’avoir nos opinions, mais votre texte m’a rappelé le respect. Il est tellement tombé à propos qu’il m’a remise beaucoup de choses en perspective, et m’a surtout remise face au respect profond que j’ai envers ce pays qui m’accueille. C’est avec émotion que je vous ai lue jusqu’au bout, ainsi que tous les commentaires, et je n’entre pas dans le débat mais je veux juste vous remercier pour cette petite larme qui est montée, ce regard positif enfoui que vous avez su faire revenir à la surface en moi, grâce à votre ouverture et à un discours que j’entends trop rarement et qui pourtant était le mien pendant longtemps… Vous venez de faire renaître quelque chose en moi, et je vous en remercie du fond du cœur, car aussi petit cela puisse-t-il paraître, au stade où j’en suis aujourd’hui, c’est pour moi énorme. Je pense aussi que vous avez un certain nombre d’années dernières vous et d’autant plus de maturité dans votre regard, je suis au tout début de l’aventure d’un couple mixte, j’ai encore tant à apprendre, mais c’est de personnes comme vous dont j’ai besoin pour m’inspirer, et me dire que c’est possible… :)
Belle vie à ce beau pays :)
Bonjour,
et une énorme merci pour vos deux messages.
D’abord pour votre sagesse, votre équilibre, et aussi pour la gentillesse de me dire ce que vous avez ressenti. La communication sur internet est rarement douce et positive, et je suis profondément touchée d’avoir pu être utile ne serait-ce qu’à une personne, comme d’autres, sur d’autres sites, l’ont été pour moi.
On peut vivre la « crise de l’expat » à retardement, on peut aussi la vivre plusieurs fois, en fonction des circonstances. Et puis mettre sur le dos de la « crise de l’expat » un moment de vie qu’on aurait aussi connu en restant chez soi, et qui se serait cristallisé sur d’autres choses.
Je vous souhaite beaucoup de bonheur dans votre vie, où qu’elle soit !
(Et si vous avez envie qu’on prenne un café ou un thé ensemble, un jour, faites moi signe ici :) )
Le Maroc, j’y vis depuis 6 ans, dans cette grande Casablanca et ses accents d’occident. Débarquée ici par hasard, je suis tombée littéralement amoureuse de sa culture, et me suis sentie tellement plus proche des valeurs d’ici que de celles de ma France natale. Je m’y suis installée définitivement, mariée à un marocain ni plus ni moins ouvert qu’un autre, et depuis peu maman d’une petite merveille qui unit à jamais nos deux origines… L’islam m’a fascinée depuis que je l’ai découvert en arrivant ici, et je n’ai de cesse de me renseigner, lire, discuter, regarder, et même vivre, tout ce qui touche de près ou de loin à cette religion qui me parle beaucoup.
Cependant, j’ai vécu 5 ans en totale admiration de ce pays, jusqu’à en nier presque les défauts, inhérents à tout pays comme vous l’avez bien dit, et je suis aujourd’hui, pour plusieurs raisons personnelles, dans une phase assez violente de rejet et de critique (je précise que cela est purement intérieur puisque je n’en parle pas publiquement, c’est uniquement dans ma tête donc cela ne nuit à personne), ghir l’aspect moins évident de la vie ici m’apparaît pleinement et me fait beaucoup souffrir (même si pour être sincère ce n’est pas nouveau, mais j’ai l’impression de vivre la phase classique de désillusion et de colère que tout expatrié ressent, mais à retardement ; normalement ça intervient plus tôt, puis ça passe, pour atteindre un niveau de neutralité, de nuances et de sérénité), et d’avoir vécu la phase d’euphorie pendant 5ans.
Bref, j’ai beaucoup plus de mal depuis quelques mois à supporter ce qui est différent de moi et ma vision, et je me pose énormément de questions sur l’origine de ces problèmes et de tout ce qui ne va pas : peut-on imaginer une société musulmane sans traditions venant vicier la pureté de l’islam ? Est-ce compatible avec mes valeurs ? Suis-je profondément en accord avec tous ces principes ? Je me suis totalement reconnue dans votre ami qui souhaiterait se convertir mais ne le fait pas car il sait qu’après il sera jugé sur le moindre de ses actes ; je suis exactement dans cette situation depuis plusieurs années, même s’il me reste encore quelques incompréhensions sur cette religion je sais que rien ne m’empêche de la vivre à ma manière ; mais le regard des autres, lui, tellement fort tellement juge, nécessite une trop grande force de caractère, que je n’ai pas, pour supporter une conversion qui ne correspondrait pas totalement aux normes qu’ils imaginent.
Cette vision est totalement subjective et très loin de la réalité. Comparer l’hypocrisie française ou européenne avec l’hypocrisie marocaine est proche de indécence. Mes amis de toute nationalité ont exactement la même vision, même mes amis musulmans (marocains, soudanais ou sénégalais…). Tout ce qu’on voit au Maroc et principalement à Marrakech, existe partout, mais jamais avec une telle intensité. Le Maroc est une sorte de caricature du monde dans ce qu’il a de pire et Marrakech est la caricature du Maroc. Les anciennes générations doivent être dégoûtées de ce qu’ils ont engendré, l’analphabétisme et la corruption ronge la société et les intellectuels marocains parlent de double génération perdue et j’ai bien peur de la suivante…
L’article plus récent de Bernard sur la schizophrénie marocaine est bien plus en phase avec la réalité.
Pourtant, quand nous discutons, Bernard et moi sommes parfaitement d’accord. Il y a à notre avis deux choses complètement différentes : une conception personnelle, marquée par une religion, qui aboutit à des comportements que les européens qualifient d’hypocrites, et il y a un fonctionnement collectif,global, d’une société, que Bernard a pointé du doigt dans l’article auquel vous faites référence.
Vous dites que « tout ce qu’on voit à Marrakech existe partout, mais jamais avec une telle intensité ». Je ne suis pas certaine de cela, bien au contraire. Voulez vous parler de la prostitution ? Allez en Asie. Voulez vous parler de l’esclavage des pauvres ? Allez dans les entrepôts Amazon aux Etats-Unis. Voulez vous parler de la (relative) négation du Sida ? Allez dans toute l’Afrique noire et australe. Voulez vous parler de la corruption ? Allez en Amérique du Sud (vous y rencontrerez d’ailleurs aussi la prostitution).
Il y a d’ailleurs autre chose qui est comparable entre le Maroc et la France : c’est une arrogance et un chauvinisme qui prétendent que ce qui se fait dans son pays est le mieux. L’excuse des marocains est de moins voyager que les français.
(Ce qui ne m’empêche pas d’être assez d’accord sur les générations perdues, mais là encore en refusant toute caricature…)
Et oui, ma vision est subjective. Comme la vôtre, comme toute vision. Elle est le fruit de mes expériences. Dire qu’elle est très loin de la réalité…. tout au plus de vôtre réalité.
{Comtinuation} pertinente. Néanmoins, les contradictions entourant le mode de vie de plus en plus capitaliste et individualiste (et je dirai même la méritocratie marocaine, biens plus accentuée que chez nos confrères anglosaxons – et il suffit pour cela d’entendre à chaque coin de rue des marocains parler mal des marocains eux-mêmes), n’est pas un élément á balayer d’un revers de main en disant « partout il y a la contradiction ». Je n’ai jamais assisté autant qu’ici à une vénération de l’argent et du proffit, à un degré de méfiance si accru dans la société, et à un esprit comercial si avare, si j’ose dire. Le ramadan en Egypte, en Syrie, et l’occasion de se faire inviter pour les Ftar sans arrêt, chose qu’ici n’arrive qu’entre amis déjà rencontrés.
Tellement de choses à dire er il fait trop chaud dans ma terrasse pour continuer aujourd’hui…
Une chose est vraie, si on n’aime pas, on s’y sent pas bien, rien d’aussi facile, ryanair et puis hop chez soi de l’autre côté de la méditérranée (où la société se pourrit d’ailleurs tout autant), et bous avez raison c’est sans doute ce que je vais faire, repartir pour l’Egypte, un peuple biens moins cultivé, et combien plus humain et proche. Petite notte: le Maroc produit 90% du hashish exporté dans le monde, par contre un marocain qui se fait prendre risque de passer 2 ans en prison.
Bonjour Joan
je n’ai que très peu connu l’Egypte, en tant que touriste (et en centre de plongée sur la Mer Rouge… c’est dire si ce n’est pas l’Egypte), et via un ami qui y a vécu plusieurs années et a choisi de partir. Je crois que les troubles politiques que le pays a connu ces dernières années expliquent une différence d’attitude. Et, sans savoir si c’est réel, je dirais que je n’ai jamais vécu ici le niveau de harcèlement couramment rapporté en Egypte vis à vis des femmes. Ce qui voudrait simplement dire que chaque pays a ses « points durs ».
Il y a beaucoup de points sur lesquels vous avez raison, en particulier la méfiance à l’égard de l’autre dans la société. C’est une chose que je redis souvent au candidat à l’expatriation, au Maroc, les cercles de confiance sont avant tout familiaux et « tribaux », et ils sont donc extrêmement difficiles et longs à pénétrer. Sans introduction, sans belle-famille marocaine, c’est dur. Si je regarde les années précédentes,d’ailleurs, les invitations aux ftours étaient essentiellement familiales :)
Un autre point à prendre en compte est votre statut. Si, comme votre prénom l’indique vous êtes une femme et que vous êtes une femme seule, alors effectivement vous ne serez pas invitée, vous serez en permanence perçue par les autres femmes comme une menace. Et comme les relations sociales sont déterminées par le genre.
Vénération de l’argent et du profit ? Oui et non, cela dépend des individus, je dirais plutôt « esprit bling bling » pour beaucoup.
En tout cas, j’aimerais bien vous rencontrer avant que vous ne repreniez votre billet d’avion ^^
Bonjour Marie-Aude,
C’était un plaisir de vous lire, votre article et vos commentaires. Je dirais même que ce plaisir ne provient pas du contenu en soi de vos propos, mais de la forme dialectique employée, intellectuellement honnête et circulaire (non unilatérale), qui fait la part des choses.
Si je suis parvenu ici c’est que j’ai vécu plusieurs descentes en enfer à cause de certains marocains, et qu’étant donné qu’aujourd’hui cest le premier jour de ramadan 2017 et que je me trouve au Maroc j’ai, certainement pour la première fois de ma vie, cherché refuge psychologique sur internet à mon desespoir concernant la société marocaine qui, je le dis d’avance, il est vrai que je ne connais que depuis quelques mois. Néanmoins je me prévaut de 10 ans d’études d’arabe, classique et dialectal, d’avoir longtemps vécu dans plusieurs pays musulmans et d’avoir écrit une thèse sur la comparaison de la mystique chrétienne orthodoxe et de la mystique soufie (ainsi que de m’être lié d’amitié profonde avec nombre de musulmans pratiquants) pour me permettre de rentrer dans le sujet.
Je l’impression que votre article, bien cohérent et en somme pacifiste n’atteigne son but que par opposition au discours et points de vue classiques des expatriés francofrançais (catégorie déjà bien distincte de tout autre communauté d’expatriés de par son imperméabilité et son désagréable), mais ne consacre pas une vision en proffondeur de la société marocaine, vouée à devenir essentiellement urbaine sur les pas des modèles occidentaux choisis par elle-même.
J’ai longtemps habité en Egypte, par exemple, où le ramadan est tout aussi respecté qu’ici, et je n’ai jamais vécu (ni entendu parler) de dénonciations publiques sur des jeunes musulmans qui auraient été apperçus en train de boire un verre d’eau ou qui sentaient un peu la cigarrette comme ici. Aujourd’hui encore un ami à moi a été arrêté et mis en garde à vue de 48h après que le chauffeur de taxi ait senti l’odeur de tabac de ses vêtements (je n’exagère pas) et ait apellé la police. Je n’ai vécu des situations semblables qu’à Manama au Bahrein en 2013.
Un manque substanciel de la compréhension du coran, et concernant le ramadan, de la notion du jihad (et particulièrement le célèbre jihad alkabir) pousse la société marocaine à se méprendre sur la conception du respect dû pendant le mois du jeune.
La sociologie que vous formulez par rapport aux évolutions entre génerations (anciens illétrés, jeunes globalisés) me semble assez perti
bonjour Marie-Aude et tous les intervenanants passés,…
…très bon article qui dépeint ce que j’ai vécu, ce que j’ai pu ressentir, et quelques petites choses que je ressens encore – je suis expat installé à Marrakech -…
Mais, malheureusement comme souvent dans ce genre de discussion » publique » où un étranger se permet d’exposer ses ressentis sans pour autant émettre des critiques virulentes, certains nationaux, qu’ils soient chinois, espagnols…ou marocains pour le cas, n’admlettent pas ces remarques-là, et leur seul commentaire est en substance : » si tu n’accepte pas mon pays comme il est, repars chez toi ! « …injonction catégorique, simpliste et stupide s’il en est !…simpliste car c’est si facile de rétorquer ça…et stupide parce que si l’étranger fait preuve d’incompréhension, le » national » en fait une preuve plus grande encore, et au lieu de souhaiter le départ de » l’autre » qui ne chnagera rien à l’opinion de ce dernier, bien au contraire, il devrait plutôt s’attacher à argumenter ou contre argumenter pour dépeindre son pays qu’il aime tant – cf les beaux élans patriotiques ! -, sous de meilleurs aspects !…
…je suis fiancé à une » marrakchia « , je fréquente des » marrakchis » – et pour tout dire ce sont exclusivement mes seules relations » de visu « -, la grande majorité d’entre eux sont des musulmans pratiquants, des » bons musulmans » comme on dirait des » bons chrétiens « , et comme vous ou comme un autre intervenant peut-être, je peux dire, Marie-Aude, qu’ils vivent l’islam parce que » c’est comme ça « , leurs parents, leurs grands-parents sont musulmans et ils ne se posent pas réellement de question.
– le ramadan ?…
– » ah oui IL FAUT le faire et le respecter…même si c’est dur les premiers jours !…
– « …et » l zakat tu fais » ?..
-« …oui, bien sûr je fais, C’EST OBLIGÉ! »
-…mais la charité, spontanément, comme ça dans la rue ?…
-« …euhhh, oui…des fois ! « …
…mais pour conclure, je dirai que je ne regrette pas mon installation au Maroc, et mieux encore à Marrakech, ville que l’on dit pourrie, viciée par le tourisme, et c’est vrai quand même car l’impact de cette activité et ses travers dépasse largement le périmètre de la place Jamaa el Fna !…mais après quelques petites semaines, pour QUI le veut et fait ce qu’il faut pour ça » on » cesse de vous prendre pour le » gawri » poule aux oeufs d’or ou vache à lait, et pour ce faire il faut côtoyer la population locale, agir et réagir en » voisin « , de l’immeuble, du pâté de maison, du micro quartier, faire preuve d’intérêt pour les habitudes de vie, les us et coutumes, parler de TOUT sans émettre de jugements hâtifs ni tirer des généralités à partir de cas particuliers et toujours manifester du respect sincère ; en tout cas c’est ma méthode et elle a fonctionné…quelqu’un a dit » on s’appelle mon frère, ma soeur, parce qu’on appartient à la même communauté » (religieuse, la umma), bien sûr moi le » fransawi » on me serre la main et on m’appelle » khoya « , j’en suis content et satisfait ; mais ce qui me touche le plus c’est lorsqu’en guise de salut un de mes » amis » me prend dans ses bras, me fait l’accolade et m’embrasse !…je pense alors que je ne me suis pas trompé de chemin sur la voie de l’intercompréhension…et de mon acceptation…elhamdoulillah !…et pourtant, manach muslim…mazal !
Merci pour votre blog d’une manière générale et pour cet article en particulier. Après 3 ans de résidence au Maroc, il m’éclaire sur certains aspects que je ne comprenais pas.
d’abord merci pour votre réponse, et pour le lien je sais que votre blog est NoFollow j’ai seulement voulu présenter le site, je suis désolé. et pour le faite de considérer quelqu’un musulman ou non alors moi je parle des hypocrites, et non pas des marocains ou autres personnes…المنافقون. il existe SOURAT révérée à eux dans le Coran.
et pour votre ami je souhaite tout le bien pour lui, et s’il veut se convertir en islam il faut voir les principes de la religion d’islam et non pas les gens, car par exemple si je veux intégrer une société je commence par la réputation de la société dans le monde et non pas ses personnels :)
bonne journée à vous également et encore désolé pour le lien, et merci pour le nom Slimane
Bonjour Slimane
Si vous voulez intégrer une société, vous avez intérêt à regarder qui seront vos futurs collègues et patrons, ce sera votre quotidien, pas la « réputation » de la société… Personnellement, je connais quelques boîtes qui ont beaucoup de succès et qui sont un enfer au quotidien… mais je transmettrai à mon ami :)
Moi je parle des gens. Je parle des marocains, qui à plus de 99% se disent musulmans, donc je ne me permets pas de dire qu’ils ne le sont pas. Et je parle aux gens qui ne sont pas musulmans, qui ne connaissent pas l’Islam – même si je ne le connais pas beaucoup – et qui interprètent le comportement des marocains musulmans comme de l’hypocrisie, alors que ce n’en est pas.
Et vous, vous faites exactement la même erreur qu’eux, dans l’autre sens. Vous parlez de « hypocrisie » au sens religion, musulman, au lieu de comprendre ce que cela veut dire pour quelqu’un qui n’est pas musulman. Si par hasard ça vous intéresse de discuter avec des non-musulmans, vous aussi, vous devez faire l’effort de comprendre ce qu’ils disent, et que certains mots n’ont pas exactement le même sens. Boire de l’alcool en cachette, ce n’est PAS nifaq. Mais pour certains occidentaux, un musulman qui fait ça est un hypocrite, parce qu’il devrait boire en public et « assumer » comme ils disent.
je suis un Marocain, je veux dire un pur marocain, et pour vous dire votre article m’a vraiment choquée, car un hypocrite au Maroc, existe et existe aussi dans le monde entier, mais l’hypocrite n’est pas un musulman, car dans le koran nous allons trouver que les hypocrites sont au nadir de l’enfer…alors SVP ne confondrez pas entre les musulmans et les hypocrites, et entre un Marocain et un musulman…
Bonjour Slimane,
c’est moi qui suis choquée par votre commentaire.
D’abord, parce que vous avez commenté non pas avec votre prénom mais avec une « ancre optimisée » menant vers un site « annuaire pour professionnels » correspondant à cette ancre… désolée d’avoir ramené votre commentaire dans la configuration normale.
Ensuite, parce que mon imam m’a bien expliqué une chose : c’est un péché très grave de dire que quelqu’un n’est pas musulman. Seuls des gens avec un réel savoir peuvent se permettre de le faire. Quelqu’un peut faire des fautes – qui n’en fait pas ? Vous ? – et toujours croire en Dieu et dans la chahada.
Enfin, parce que votre indignation semble vous avoir un peu emmêlé les neurones, au cas où votre objectif n’était pas, tout simplement de récupérer un lien… relisez bien le contenu de l’article, vous verrez qu’il n’y a pas confusion, comme vous le dites.
J’ajouterais sur une considération générale : un de mes amis, après de longues réflexions, a finalement refusé de se convertir à l’Islam, parce qu’il ne supportait pas cette façon qu’on un grand nombre de personnes de juger, très rapidement, sur les apparences, sans indulgence, de qui « est musulman » ou pas.
Je vous souhaite une bonne journée.
there is everywhere ups and downs , mais chacun a sa façon de voir les choses,l’hypocrisie elle meme a deux visages (le respect , et la contradiction )
vivons nous ensemble en tolérance, en SALAM et en respect c’est le principe d’islam ,
j’adhère à 99% le 1% est que je suis marocain « »expatrié ( involontaire ) en Belgique et qu’on m’appelle l’immigré là bas et non l’expatrié , « immigré » est devenu péjoratif , dans le chef des concernés ( et pour cause ), » expatrié » ça fait plus chic , je vais demandé qu’on me taxe désormais d »expatrié quand je serai en Belgique ;)
@ Yasmine (j’adore ce prénom ) dans quel pays a éclaté le printemps arabe ? ET POURQUOI??… CQFD
vive tous les peuples de la Terre et leurs différences
Bonjour, je vis au Maroc depuis maintenant un peu plus de six ans.Converti librement à l’Islam depuis cinq, marié avec une femme berbère depuis quatre.Globalement je partage votre analyse. Vivre au Maroc mélangé aux gens sans une connaissance de l’Islam, même si l’on est pas musulman est très difficile.
Souvent les traditions disputent la tradition à l’Islam, surtout chez les populations berbères où j’habite.
Si mes enfants en France, l’île atlantique sur laquelle je vivais me manquent, je ne regrette pas du tout mon choix de vivre ici en terre d’Islam malgré quelques difficultés d’adaptation au début.
Bien à vous et bonne continuation
Hi Marie-Aude (pardon, cela fait tres longtemps que je n’ai pas utilise le Francçais).
I really enjoyed reading your article. Very incisive analysis. I think that Morocco needs to be dragged into the 21st century. As a Moroccan, I love Morocco, although I left it 30 years ago. I am hoping to retire in Morocco in the next 10 years.
As, a rule, I always avoid talking about religion! I have learnt the hard way:)!
Bonne continuation!
Bonjour Marie-Aude, je lis bcp de commentaires sur des points de détail qui semblent choquer certaines marocaines (quel pays aime être critiqué après tout), même si je trouve que dans l’ensemble vous défendez viscéralement les marocains… Comme je vous admire et comme vous avez du souffrir, de ces contradictions, que vous avez faites vôtre, puisque vous défendez la schizophrénie. Mais ce sont la des mots. La vérité est que les cultures orientales sont vraiment abyssalement éloignées des nôtres, qu’elles nous fascinent, et finissent par nous blesser car elles sont essentiellement biaisées (quand il ne s’agit pas de se refaire carrément le film à l’envers pour comprendre), et qu’elles finissent immanquablement par blesser. Le Maroc n’en est qu’une des très nombreuses expressions. Schizophrène est un bien grand mot, pour qualifier le manque d’éducation pur et simple et l’absence totale de principes… Voyons les choses comme ça : heureusement, il y a l’islam… Que seraient-ils sans? Cdt
Pour être honnête, je souffre beaucoup plus des contradictions des français qui s’enfoncent dans le racisme et l’intolérance au nom de la laïcité et de l’égalité, dans l’exclusion de l’autre au nom des valeurs chrétiennes…
La vérité est que « les cultures orientales » est un grand mot fourre-tout, et qu’une culture ne peut pas blesser. Ce qui le peut, c’est une interaction avec un être humain.
La seconde vérité est que, lorsque l’on vit à l’étranger, que ce soit dans un pays européen ou un pays oriental, il y a toujours des choses qui nous sont difficilement compréhensibles ou choquantes.
La troisième vérité est que « ils » sont des gens comme nous, les marocains sont un peuple comme les français, qu’il y a tout autant d’escrocs et de malotrus chez les marocains que chez les français, mais qu’en ce qui concerne le manque d’éducation, les choses importantes sont différentes. Que le manque d’éducation a été commencé par l’occupant français, et qu’en terme d’absence de principes, les pires escrocs que j’ai rencontrés dans ce pays étaient des expats.
Merci Marie-Aude et Abdel pour vos commentaires précis et profondément bases sur une connaissance du terrain. Je me souhaite réagir sur deux points:
1- il faut distinguer entre islam et tradition marocaine qui est un équilibre entre la foi et la pratique de cette religion en société marocaine l écart entre les deux se traduit par l hypocrisie ou schizophrénie chez un observateur ne connaissant pas le Maroc. Je tiens tout de même à signaler que le prophète a clairement dit : si vous arrivez à commettre des pêches, alors cachez vous !
2 – la laïcité est une tradition musulmane, la preuve au moyen âges les musulmans qui gouvernaient de Bagdad à Cordoue respectaient les fois des juifs et chrétiens et leur garantissaient l exercice de leur cultes, ce n ai qu après la reconquista que juifs et musulmans se sont vu convertis de force ou dirige vers les côtes marocaines.
Ayant vécu au Maroc et en France, pour moi la france n est pas un pays laïc, même si je suis contre le port du voile je trouve que son interdiction n est pas laic et contraire au volte rien que je suis. Imposer des jours fériés chrétiens alors que la France compte 10% de musulmans et bon pourcentage de juifs n’est pas une approche laic (regarder comment les singapouriens ont règle ceci avec leurs trois communautés) et enfin comment on peut dépenser de l argent public pour décorer des sapins géants symbole d une seule religion dans toutes les mairies de France. En somme cette schizophrénie franciaise est unique et souhaite que la France pourra un jour s en défaire.
Bonjour,
On n’aimerait bien que les étrangers qui vivent « très bien » dans ce pays respectent, nos coutumes, notre religion, nos traditions et qu’ils gardent leurs leçons de morale pour eux.
Car nous ne les accueillant pas comme ils ont accueilli nos parents ou nos frères et sœurs qui sont nés sur leur territoire.
C’est là, le comportement indécent et impérialiste de certains Occidentaux quand ils se trouvent dans un pays étranger ou le pouvoir est laxiste.
Le monde uniforme vu par la World Company, on n’en va pas (sauf apparemment pour certains lecteurs de ce blog), nos avons des lois qui sont propres à notre identité et qui restent intemporelles (ne pas avoir le droit de se balader avec une fille dans la rue si ce n’est pas ma femme/mère/sœur), tout le monde peut vivre au Maroc en respectant ces lois et coutumes, comme nous le faisons depuis plus 50 ans dans d’autres pays étrangers ou nous vivons ou avons vécu.
Nous n’avons pas besoin de ressembler à nos voisins européens pour être modernes, nous pouvons l’être avec notre héritage religieux et culturel et tant que les Marocains ne l’auront pas compris et appliquer, leurs voisins continueront à se comporter de la sorte et à alimenter les troubles entre eux.
Le péché existe, car le pardon et la miséricorde du créateur existent.
Marie-Aude,
Merci pour cet article qui reflète si bien ce que je ressens/pense.
Je suis mariée à un marocain depuis plus de 10 ans. Sa famille, très traditionnelle est entièrement au Maroc, à Oujda, ville également très traditionnelle. Et cette famille, aussi traditionnelle qu’elle puisse être, a toujours fait preuve de tolérance. Beaucoup de Français devraient s’inspirer de l’accueil qui m’a été fait dans cette famille !
Et je me sens très bien là-bas,un puissant amour pour le Maroc m’anime.
Le Maroc n’est pas tout blanc, pas tout noir, comme le reste du monde.
10 ans que j’essaye de convaincre mon mari que nous devons nous installer là-bas, 10 ans qu’il s’accroche à la France..lol…mais ça y est pour moi et les enfants ça sera pour l’année 2015 : direction Oujda. Je vais créer un gite dans les montagnes entre Oujda et la mer.
J’atterris sur votre site en cherchant des renseignements sur les SCI au Maroc et je pense ne pas me tromper en pesant avoir lu vos contributions sur un forum consacré au référencement (je suis moi-même réalisatrice de sites web)..
Un grand merci pour cet article…et votre site
Bonjour Hélène, et merci beaucoup ! Je vous souhaite de convaincre votre mari et de vous installer bientôt (et oui, je sévis sur les forums de référencement)
Bonjour à vous,
J’ai beaucoup apprécié cet article et les échanges qu’il a permis.
En ce sens, c’est déjà une pleine réussite car chacun a pu exprimer son point de vue et ses questions.
Si chacun peut s’exprimer librement, alors on avancera à coup sûre. ;)
Je voulais juste rappeler que notre pays est dans une position géographique très intéressante ; à l’orée de l’Europe, de l’Afrique tout en faisant partie du Maghreb. Cette situation nous renvoie à l’idée d’influences et c’est bien la que peut naître cette notion de schizophrénie. En effet, nous sommes tiraillés entre notre histoire, nos traditions, la modernité, la religiosité et de plus en plus la morale. Tous ces éléments font le Maroc que l’on connaît et que l’on aime…
Tout n’est pas bon à prendre dans la modernité, mais ça nous a servit à construire des écoles des dispensaires, amener l’électricité et l’eau dans les villages… et à faire évoluer certaines mentalités. Les traditions, c’est bien mais en même temps, je vois des chibanis avec leur téléphone portable vissé aux oreilles… C’est bien qu’il prennent ce qui est intéressant de la modernité, même si il se disent traditionaliste.
La religion ainsi que sa pratique dans notre pays n’est pas sujette à discussion, mais j’ai souvent remarqué beaucoup de tolérance entre les marocains et/ou avec les touristes ou expatriés. Il faudrait que ça perdure car à mon sens c’est important que le maroc en tant que pays musulman, reste ouvert et tolérant.
Enfin je voudrais bien que l’on remplace ce terme de schizophrénie par le terme de richesse et de diversité. Ce qui donne une image bien plus intéressante de cette population mosaïque et nous permettre de repositionner le débat sur la question du vivre ensemble.
Bonne continuation et merci encore pour cette contribution.
Merci Marie-Aude pour cet article qui donne un autre regard sur le Maroc. Comme partout, tout n’y est pas « tout noir – tout blanc », et surtout l’Islam n’y est pas synonyme de souffrance et de difficulté, de privation, etc…comme beaucoup semblent le croire. Le Maroc a ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses, qui font que l’on peut vite s’y sentir très bien si on est capable de se délester un peu de son bagage culturel français.
Pour ma part je partage votre point de vue.
Bonne continuation
Bonjour,
Pour etre honnete, je me suis arrete a « Néanmoins, le Maroc reste un pays musulman, c’est-à-dire un pays où la loi est gouvernée par la religion. Si on ne l’accepte pas, on n’a rien à y faire ».
Il est triste de voir un marocain comme vous, qui a surement fait des etudes, avoir une vision aussi dogmatique. Je suis marocain et je ne me reconnais pas du tout dans les valeurs que vous decrivez. Vous dites que le Maroc est un pays tolerant et dans la phrase qui suit, « si vous n’aimez pas cassez vous ». Avec ces discours vous participer a nuire a l’image du pays.
C’est vous qui avez une mauvaise comprehension des valeurs marocaines et Islamiques. Vous confondez les deux. L’islam est une philosophie de vie. Quel est le pays le plus musulman? L’Arabie Saoudite, l’Iran, la Malaisie, la Turquie , le Maroc? Ils le sont tous alors qu’il y a des valeurs, regimes et modes de vie differents.
La schizophrenie que vous essayer de decrire se voit dans votre article. Vous etes schizophrene. On peut aimer son pays et le critiquer positivement pour qu’il avance. Un exemple. D’apres la loi, je n’est pas le droit de me balader avec une fille dans la rue si ce n’est pas ma femme/mere/soeur. Sauf que c’est biensur non applique et heureusement. Alors pourquoi ne pas supprimer cette loi? C’est peche? Vous pensez vraiment
Si Omar,
je vous invite à regarder le nom de l’auteur de l’article et à vous demander si c’est un prénom musulman.
Je vous invite à continuer la lecture de l’article, par pure curiosité, ou simplement la présentation en bas de page, vous y verriez que je ne suis pas « un marocain », mais « une française qui vit au Maroc et essaye de le comprendre ».
Je vous invite à ne pas déformer mes propos : je n’ai pas écrit « si vous n’aimez pas cassez vous », mais quelque chose qui veut dire plutôt « si on n’accepte pas l’essence même de ce qui fait un pays, alors on va avoir du mal à y vivre ».
Marie Aude , c’est un plaisir de lire vos articles , continuez ainsi. Et j’aimerai qu’un jour les expatriés prennent exemple sur vous qui êtes un exemple de tolérance plutôt que de se plaindre sans arrêt.. Le pays qui nous accueille ( peu importe lequel ) on l’aime ou on le quitte !
Je vous remercie beaucoup
Je vous félicite pour cette analyse très interessante, ainsi que la polémique qu’elle a généré. Merci Si Abdel pour votre commentaire marquant qui a enrichi cet article et a complété mon humble idée sur ce sujet.
Je cherchais toujours une réponse à ce point que j’expliquait par le fait qu’il n’y a pas de religion sans péchés, ce qui est humain et quelque soit la religion.
De toute façon la tolérance et la pensée relative sont de mise et c’est ce qui permet à n’importe quelle communauté ou individu de vivre en paix.
Encore une fois merci.
Très bon article. Je vous félicite.
Par contre, à ceux qui ne veulent pas adhérer aux moeurs de notre pays,
n’ont qu’à rentrer chez eux, oui, oui, si vous habitez chez nous,
VOUS devez accepter nos lois, nos coutumes, enfin… TOUT !
Bonjour,
Votre article est indéniablement écrit avec beaucoup de bonne volonté et je peux sentir votre attachement au Maroc.
Cependant votre article n’apporte pas d’idées nouvelles. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil puisque vous semblez apprécier les références bibliques. Il y a depuis plusieurs années un grand consensus social. Personne n’est dupe, des plus démunis aux plus riches, des illettrés au plus cultivés.
on sait très bien ce qui se passe.
Au Maroc depuis 10 ans, je partage aussi votre point de vue. Je n’aurai pas dit mieux ! Merci pour ces mots.
J’ai lu les commentaires avant de lire l’article. Je m’attendais à un article haineux, d’une française qui vient verser ses larmes, parce qu’elle aurait fait la pire erreur de sa vie en venant vivre au Maroc. Et bien c’était tout sauf ça ! Votre article reflète plutôt de la sagesse, et un recul que vous avez pu garder en analysant les contradictions marocaines, sans pourtant éprouver de la haine ou du regret.
Je partage votre vision à 90%. J’ai donc quelques désaccords avec vous, et quelques contributions à apporter.
Les raisons que vous avez évoqué sont les bonnes à mon avis. Je les reformulerai en disant que beaucoup de musulmans ne savent pas pourquoi ils sont musulmans. Au mieux, ils pensent qu’ils le sont parce que c’est comme ça quand on naît dans une famille musulmane. Du coup, l’Islam a été résumé à ses piliers (et encore…). Le musulman pratiquant, tout en volant les autres, en les insultant, et en trichant, pensera par défaut qu’il est meilleur qu’un non pratiquant même s’il ne fait pas de mal aux autres, et se positionnera en donneur de leçons. Il oublie qu’il peut malgré toutes ses prières se retrouver en enfer si ceux à qui il a fait du mal ne lui pardonnent pas. La plupart des marocains ne sauront pas répondre à la question : « A quoi sert l’Islam ? ». Pourtant, tout est écrit noir sur blanc.
J’ai l’impression qu’on cherche à faire avec l’Islam ce qui a été fait avec le Christianisme, c’est-à-dire le vider de sa substance, et le résumer à un rapport avec Dieu, pour ne pas qu’il régisse les rapports entre les Hommes, car ce n’est pas bon pour le business (exemplarité de la justice, répartition des richesses, etc…). Si ce rapport est certes spirituel, il tourne souvent autour du « technique », càd les questions du genre : « Si j’ai l’impression que j’ai pété, est-ce que je dois refaire mes ablutions ? ».
Ceci est malheureusement la situation de l’Islam au Maroc, et certainement dans beaucoup de pays musulmans. Mais ce qui est drôle, c’est que les contradictions commencent dès la première phrase : « Le Maroc est un pays musulman ». Le problème c’est que la notion de pays musulman n’existe pas en Islam ! C’est soit la Umma, unique et indivisible, où tous les individus ont les mêmes droits et obligations, et où la vie est régie par les mêmes lois, soit rien (ou presque). Et à supposer que l’on puisse attribuer ce titre à un pays, on ne voit pas les règles de l’Islam dans le quotidien : interdiction de l’usure, interdiction des substances illicites, etc…
Ceci dit, je préfère ce semblant de religion, que de sombrer dans le droit-de-l’hommisme et dans une laïcité qui ne permet à personne d’être pleinement lui-même. Je trouve en effet qu’il sera beaucoup plus facile de redresser la barre en partant de la situation actuelle, avec un peu de bon sens, d’éducation et d’honnêteté intellectuelle.
Je préfère donc ce que vous appelez « hypocrisie » ou « schizophrénie marocaine » à un Maroc hétérogène, donnant à chacun l’impression qu’il ne vit pas dans une même communauté, mais dans un mélange de groupes aux diverses tendances, qui ne savent plus ce qui les unis tellement ils vivent différemment.
Les oiseaux se cachent pour mourir, et les marocains pour manger. Et alors ? Ne pas commettre de pêchés en public est une prescription religieuse. Elle permet de garder une certaine cohésion dans la communauté, et permet au pêcheur de se repentir facilement, car il sera à l’abris des mauvaises langues (et mauvais cœurs) qui ne lui souhaitent pas d’être pardonné, et qui le prendront de haut : « Arrêtes de faire ton musulman alors que tu faisais ceci et cela ».
Le pêcheur musulman est quand même musulman ! Tant qu’il ne remet pas en cause les règles immuables de l’Islam. Le problème c’est que certains laicards marocains, au delà du fait qu’ils ne respectent pas le choix démocratique de la majorité des marocains, et qui est de vivre dans le cadre de l’Islam, veulent revendiquer (entre autres) le droit de manger en public pendant le ramadan sous couvert de droits de l’homme et de libertés individuelles. Tout en précisant que ces soit disant principes humanistes occidentaux m’écœurent, car ce n’est qu’une hypocrisie servant des intérêts particuliers, puisque à géométrie variable, ces laicards oublient que revendiquer certaines choses équivaut à sortir de l’Islam, et à se déclarer non musulman. En soit, ça ne me dérange pas, si ça émanait d’une décision mûre et sincère, d’une personne qui souhaite devenir juive, chrétienne, ou athée, et vivre en tant que marocain, dans un pays où la majorité des habitants ont choisi l’Islam. Ce n’est pas leur but. Ces gens veulent pervertir l’Islam, ré-écrire le coran, et pouvoir commettre tous les pêchés possibles, et ne respecter aucune obligation religieuse, tout en gardant le titre de musulman. Ça c’est de l’hypocrisie à dénoncer et à combattre !
Ceci dit, j’espère que vous vous plaisez au Maroc, malgré la saleté des villes, les trottoirs défoncés et le manque de civisme, ou devrais-je dire tout simplement, le manque d’Islam ? :)
Un marocain musulman pratiquant.
Bonjour Abdel,
je vous remercie beaucoup de votre commentaire. Oui, malheureusement, un certain nombre de gens, ici ou sur Facebook, ont commenté l’article sans réellement le lire… mais c’est la loi du genre sur internet, quel que soit le sujet :)
Je vous remercie aussi de vos précisions. Personne ne m’avait si complètement expliqué l’interdiction de pécher en public. Comme vous le dites, beaucoup de marocains ont une connaissance incomplète de leur religion, or moi je suis quelqu’un de très logique, j’ai besoin qu’on m’explique le « pourquoi » des choses pour les accepter. L’Islam est tout sauf une religion arbitraire…
Oui je me plais au Maroc. Il n’y a pas de pays parfait. C’est ma troisième expatriation, ce qui m’a appris à faire le tri entre les sentiments de blues qu’on a parfois, simplement du fait d’être expatrié, et les vrais problèmes liés à un pays. J’ai la chance d’avoir un mari et une belle-famille qui m’ont évité de connaître beaucoup des désavantages du pays. Les marocains, pour la très grande majorité, sont chaleureux, accueillants, gentils dans les relations individuelles. Le pays est dynamique, optimiste, il évolue certes un peu en crabe, mais il évolue très vite. Je m’y sens mieux qu’en France où je ne suis pas retournée depuis 2010 :)
Très bonne analyse. Je suis moi même marocain non-pratiquant, voir non-croyant même (si si ça existe!) et j’en suis arrivé aux mêmes conclusions que vous. C’est peut être ce qu’on appelle en occident la sagesse… plutôt que le fatalisme! Le maroc devrait néanmoins, à mon sens, se pencher un peu plus sur le cas de ses minorités. Mais encore faudrait-il me direz vous qu’il s’occupe correctement de sa majorité! Si je ne devais retenir qu’un seul mot de votre article ce serait celui-ci : la tolérance. Bonne continuation.
Merci beaucoup pour votre passage, et votre résumé : vous avez choisi le meilleur mot. Bonne continuation à vous aussi ! Peut être aurons nous l’occasion de nous croiser un jour à Casa :)
bonjour,
je partage votre point de vue. je considere que nous les marocains, je peux dire la majorite, nous n’avons pas une connaissance profonde de notre religion qu’est l’islam. Nous ne faisons pas un grand effort pour l’etudier et la comprendre. Cela explique pourquoi y a des gens qui voient ca comme de l’hypochrisie, on n’a par exemple une personne qui invite l’autre a se bourrer et l’autre qui reponds « inchalah » !!
Au maroc, l’islam est pris et melange avec les traditions et habitudes, y a des gens qui sont ivres toute l’annee et qui s’abstiennent durant le ramadan, car ils ont peur de la reaction des autres, de la societe. et c’est pour ca que je suis d’accord de dire qu’on est hypocrite et schizo de ce cote.
Neanmoins, je ne desire pas qu’on nous impose les avis et opinions des occidentaux ou de la nouvelle generation occidentalisee. comme les autres pays, dis democrates, peuvent interdire le hijab, la burqa, les mosquees, le Adane, car ca nuient a leurs citoyens. nous aussi, nous avons le droit d’imposer nos lois et que tout le monde doit respecter. Si quelqu un desire manger durant le ramadan, qu’il le fasse discretement, car dehors, y a nos meres, nos soeurs, nos enfants, nos petits freres ,..et on veut pas qu’ils percoivent cet individu comme model ou tout simplement qu’ils se sentent pas a l’aise chez eux.
Vous avez tout à fait raison de refuser qu’on vous impose quoi que ce soit de l’extérieur. Les étrangers comme moi sont invités au Maroc, et quand on est invité chez quelqu’un, on ne lui dit pas comment changer sa décoration :) Je vous souhaite une bonne continuation.
Le Maroc n’est pas Le seul pays arabo-musulman qui protege la femme et qui donne les pleins droits et reconnaissance pour un enfant né hors marriage. La Tunisie aussi et en Tunisie l’homme n’a pas Le droits de marier 4 femmes. Corrigez vos informations! Le Maroc n’est certainement pas LE pays qui protege Le plus la femme et l’enfant.
bonsoir
ben je suis d’accord avec Mr Rachid, pour tous ceux et celles qui n’aiment pas la façon dont vivent les marocains chez eux, AU SEIN DE LEUR PROPRE PAYS, ou qui y trouvent une forme d’hypocrisie ou de schizophrénie ou autre phénomène psycho-social, car y a des règles et des lois a respecté nous vivants dans un payé Musulman, si tu veux manger pendant RAMADAN ou boire de l’alcool ou n’importe quoi, tu dois respectes les autres ( OBLIGATION ) car même en France tu ne peux pas faire tout ce que tu veux car y a des lois et des limites a ne pas dépassé, c’est le cas au Maroc.
Bonsoir Yassine,
c’est bien d’être d’accord avec Si Rachid, mais que pensez vous de l’article ? Que conseillez vous au Marocains qui parlent de la schizophrénie marocaine ? Voulez vous les chasser de leur propre pays ? Croyez vous que ce soit une faute de vouloir expliquer aux étrangers un certain nombre de choses pour qu’ils comprennent mieux leur pays ?
Pour tous ceux et celles qui n’aiment pas la façon dont vivent les marocains chez eux, AU SEIN DE LEUR PROPRE PAYS, ou qui y trouvent une forme d’hypocrisie ou de schizophrénie ou autre phénomène psycho-social, je n’ai qu’une seule chose à leur dire: RENTREZ CHEZ VOUS A VOTRE PAYS! et laissez-nous vivre à notre manière, nous nous sentons très à l’aise ainsi, et que s’il y a quelqu’un qui devrait nous donner des leçons, ce ne serait pas vous. VIVE LE MAROC, VIVE LE MAROC, et VIVE LE MAROC!
Si Rachid, la courtoisie étant requise sur ce blog comme dans la vie, votre second commentaire a été supprimé.
la soumission souvent hypocrite aux aspects visibles de la pratique religieuse musulmane est d’abord un moyen de faire accepter la soumission politique, hélas, comme la soumission à un ordre pédagogique suranné.
En France quand un ministre marche de travers lors des fameuses « affaires de corruptions qui éclatent au grand jour » il est éjecté, ici, même si le pays entier est au courant il n’y aura aucun changement. Aucune mesure ne sera prise, puisque la justice elle aussi est corrompu. C’est ce qui fait toute la différence.
Pour ce qui est des richesses elles sont exploitées par une minorité qui veille à maintenir tout le monde dans l’ignorance. Que ce soit les riches qui vivent dans leur monde et ne regardent pas en bas de leur petit nuage ou les pauvres illettrés qui n’ont aucun moyen de se renseigner. Pas même le journal télévisé qui respire la propagande et le mensonge.
Gorgia, vous pensez vraiment que tout le monde est corrompu, ou vous vous êtes senti un moment donné insulté dans votre égo le plus profond.
Pour comprendre la corruption et l’origine de ce mal, remontez à la période coloniale où l’occident était maître de l’Afrique et du Maghreb. Posez-vous la question des affaires de corruption qui éclatent au grand jour chez les politiques français (Sarkozy, Hollande et j’en passe …), puis rassurez-vous sur le fait que cette corruption a pris naissance de l’autre côté de la méditerranée et de l’atlantique, qu’avec le temps elle s’est exportée dans nos contrées et chez certains phénomènes à la tête de nos gouvernements aussi bien au Maroc qu’ailleurs, et enfin évitez le raccourci de taxer notre cher pays qui est le Maroc de Pays corrompu, quand bien même la corruption elle-même est ultra dissimulée en Occident, mais bien sûr à côté le Maroc et les Marocains sont les plus mauvais … Ben Voyons ! Longue vie à ce beau pays, qu’est le Maroc, avant de faire vos doléances, recentrez-vous sur ses qualités et ses richesses … Si si cherchez bien il y en a peut-être plus qu’ailleurs …
Un Français d’origine Marocaine dit le Zmagri … Avec Amour pour mes origines ;)
Non… les marocains ne sont pas honnêtes, ils sont hypocrites, méchants et mauvais. La religion pour la plupart d’entre eux rime à se faire pardonner. Et ce que je déteste chez eux c’est leur attrait à passer pour des donneurs de leçon en toute circonstance. J’aime mon pays mais lorsque la population n’est pas correctement éduqué, elle ne peut pas avoir de véritable morale. Dans quelques années vous verrez l’échec de ce pays qui va bientôt s’écrouler à cause du manque de travail et de la malhonnêteté. Pour comprendre ce que je vous dis il faut lire les journaux marocains, travailler avec les marocains, discuter avec les plus informés et non pas avec le gentil épicier du quartier. Et vous saurez qu’à grande échelle tout le monde est corrompu(je suis marocain)
Je vous plains, très sincèrement.
Bonjour Marie-Aude,
Je partage complètement votre point de vu, même si je pense que Yasmine a raison et que la tolerence doit être partagé par tous ! Mais je pense que celà devrait arriver avec l’instruction et la culture inculquée aux jeunes. Je suis moi même femme de Marocain et j’ai des beaux parents de l’ancien temps si je puis dire et même si il y a encore des incompréhensions nous avons chacuns apprit à nous connaître, nous comprendre et surtout nous accepter tels que nous sommes.
Peut importe la religion que nous avons car elles ont toutes la même finalité il faut faire le bien autours de nous !
Bonjour Céline,
vous avez tout à fait raison, l’instruction et la culture sont essentielles dans cette évolution. Et pour cela, le Maroc a beaucoup de chemin à faire, même si il s’y attelle depuis plusieurs années. Mes beaux-parents sont des crèmes, et d’une manière générale, j’ai été remarquablement bien accueillie dans cette famille. C’est sans doute pour cela que je n’ai aucun problème à faire des efforts sur les points essentiels pour eux.
PS : votre mon me dit quelque chose, est ce qu’on ne s’est pas déjà croisées, sur internet ou en vrai
Vous avez peut être raison sur certains points mais je ne partage pas toute votre analyse. Notamment la pression grandissante de la société sur les aspects religieux depuis toutes ces dernières années, voire décennies. Je suis assez vieille pour me souvenir, dans mon enfance et adolescence, de beaucoup plus de respect, moins de show et de pression d’homogénéisation dans la pratique de la religieux. Vous dites que le faite de ne pas manger en public est du respect. Vous omettez de préciser que le respect doit être dans les 2 sens. Vous ne parlez que celui de la minorité à l’égard de la majorité. Si quelqu’un veut manger durant le mois de ramadan, il n’oblige personne d’autre à en faire autant. Et celui qui fait le ramadan doit être convaincu de le faire, sans vouloir lyncher celui qui mange une pomme ou mâche un chewing-gum ou fume une cigarette. Dans les pays non musulmans, est ce que la population manque de respect à l’égard des musulmans qui jeunent ? Est ce que ceux-là doivent le dire à tout le monde pour se sentir mieux ? Ce sont plutôt dans des pays comme la Turquie ou la Tunisie que le respect est pratiqué. Pas au Maroc. Ou tout autre pays où on oblige les citoyens à agir d’une façon qu’ils ne choisissent pas d’eux même. Par simple crainte de la sanction. Oui par hypocrisie.
Bonjour Yasmine,
merci pour votre retour.
Je ne connais le Maroc que depuis dix ans. Je suis néanmoins prête à vous croire, car je peux aussi le voir dans des vieux documents. Mais il me semble que c’est un phénomène global, qui ne touche pas que l’Islam, c’est la même chose en France avec les « cathos », aux Etats-Unis… le Maroc est épargné de l’invasion des évangélistes, mais elle est impressionnante dans d’autres pays d’Afrique. Quant aux anciens pays communistes, inutile de faire un dessin.
On pourrait discuter très longtemps des multiples raisons de ce retour généralisé du religieux, je crois qu’il a un faisceau de causes, y compris :
Néanmoins, parce que je connais bien la Tunisie, vous me faites sourire quand vous me dites qu’on y pratique le respect plus qu’au Maroc. Ne vous fiez pas à des clichés, la Tunisie de BenAli était tout aussi répressive, tout aussi dure, sinon plus, que le Maroc à l’égard de ceux qui ne souhaitaient pas pratique Ramadan. Quant au reste (car après tout, le poids du religieux, c’est beaucoup plus large qu’un mois de jeûne), le statut de la femme instauré sous Bourguiba avait été grignoté et vidé de sa modernité depuis longtemps.
La Turquie ne peut pas être comparée au Maroc, car on est sorti de la sphère « arabo-musulmane » pour entrer dans la sphère ottomane, et les choses y sont totalement différentes. Néanmoins, si la rupture du jeune en public n’est pas un crime, en pratique, comme en Tunisie (où c’est obligatoire) les restaurants masquent pour la plupart leurs vitrines quand ils servent à manger, ou le proposent uniquement dans des salles en sous-sol. La Turquie est passée par une phase de laïcisation forcée, et le point de référence est totalement différent.
Le respect est une valeur totalement subjective, qui doit mettre deux personnes d’accord : celui qui fait une action, et celui qui la reçoit. Si quelqu’un me traite de con en me disant « mais je te respecte hein », et que je refuse de prendre ça pour du respect, qui a raison ? Il en est de même pour la rupture du jeune. L’essentiel n’est pas que cela soit ou pas, dans l’absolu, un manque de respect, puisqu’il n’y a pas d’absolu. L’essentiel – en tout cas l’objectif de cet article – était de faire comprendre à mes compatriotes qu’on peut boire de l’alcool en dehors de Ramadan et faire le jeune avec application sans être mécaniquement un hypocrite, et essayer de leur faire comprendre que les modes de pensée de l’ensemble de la société marocaine ne sont pas ceux d’un français élevé à l’école publique.
Après, que vous, en tant que marocaine, ne soyez pas satisfaite de ce qui se passe, c’est autre chose. Mais ce débat là, en tant que française immigrée, ne me concerne pas.
C’est votre point de vu que je ne partage pas totalement et ou dans votre écrit il y a AUSSI de l’hypocrisie et un regard parfois voilé sur certaines choses. C’est votre droit et le mien aussi. Vous ne dites pas d’où vous écrivez car selon le lieu d’habitation la vue sur les marocains que nous côtoyons sera légèrement voire totalement différente. Mais merci pour votre expression et j’aurai toujours plaisir à lire et à apporter ma vision du Maroc que je vis mais que vous ne vivez pas car chacun et chacune est unique dans sa façon de vivre, d’être et de penser.
Lali
Bonjour Lali,
bien sûr qu’il y a aussi de l’hypocrisie, ou plutôt des préjugés dans ma façon de voir les choses. Personne n’est est totalement exempt, et c’est exactement ce que j’essaye de faire comprendre dans cet article. D’où j’écris ? C’est expliqué un peu partout sur le site, je suis une française mariée à un marocain, nous avons vécu d’abord à Ouarzazate et maintenant à El Jadida.
Bonne analyse que je partage depuis 20 ans au Maroc,