

Une des plus anciennes coopératives du Maroc, tenue exclusivement par des femmes, fabrique des tapis berbères et des broderies dans la meilleure tradition marocaine. Des articles d’excellente qualité, que vous pouvez admirer sur place, au cours d’une randonnée dans l’Atlas, à l’occasion d’une excursion à Télouet, ou lors d’un trajet entre Ouarzazate et Marrakech.
La coopérative du Grand Atlas, à Agouim, est née dans les années 50

Si Agouim est aujourd’hui un petit village de passage, à une heure de Ouarzazate sur la route de Marrakech, il connaissait beaucoup plus d’activité à l’époque, à cause des mines d’Imli. Une poignée de franciscains ouvrent un dispensaire à Agouim, et créent bientôt deux coopératives, menuiserie pour les hommes, tapis et broderies pour les femmes.

Ils leur donnent une formation « qualité-couvent » correspondant aux superbes ouvrages brodés qu’on peut acheter dans les monastères en France, mais en utilisant les techniques et les motifs marocains traditionnels. La formation est ensuite transmise par les meilleures ouvrières qui prennent en charge la formation des jeunes filles dans une structure spéciale, le Nadi. Des générations ont été ainsi formées, même si l’école doit évoluer, les filles vont maintenant souvent au collège, et rejoignent le Nadi après leurs études.
Il y a quelques années, le dernier franciscain part à la retraite, et les femmes décident de reprendre elles-mêmes la coopérative. Cela ne va pas sans difficulté, car elles doivent désormais se charger de nouvelles tâches, l’administration, la commercialisation, alors que la plus grande part d’entre elles sont analphabètes. Mais elles arrivent à se débrouiller, et à maintenir la structure à flot.

Le métier à tisser traditionnel
Pour un nomade, les tapis sont, après la toile de tente tissée en laine de dromadaire, la première, voir la seule pièce d’ameublement. Des khaïmas de l’Atlas aux riches palais Glaouis ou Fassis, les tapis sont nombreux, moelleux, colorés, richement décorés. Ils recouvrent le sol, où ils peuvent être empilés en plusieurs couches, l’hiver ils sont accrochés aux murs pour protéger du froid des carrelages, ils recouvrent les divans, les lits, les plus petits peuvent aussi servir de vêtements comme les Handira de l’Atlas… Autrefois, on trouvait dans chaque famille un métier à tisser, où les jeunes filles préparaient leur trousseau de mariage.
Pour en savoir plus sur la fabrication des tapis, c’est ici.
Le métier à tisser traditionnel est vertical et démontable. Avec ce type de métier, les tapis n’ont qu’une seule frange. Après que le tapis est terminé, il se démonte, et part dans une autre maison, où il occupera une grande partie de la pièce principale pour un mois, ou plus si le tapis commandé est de grande taille. La largeur du tapis est limitée par la taille du métier, mais pas sa hauteur.

Deux femmes, parfois trois, peuvent s’assoir côte à côte et tisser ensemble, pour aller plus vite. Sur la photo, elles s’assiéront le dos au mur, sur les petits tabourets, jambes serrées, pendant plusieurs heures.
Les filles plus jeunes peuvent aussi participer, et commencer à apprendre avec leur mère les travaux d’aiguille, avant de faire un apprentissage plus sérieux au Nadi.
La capacité de production de la coopérative est donc limitée par le nombre de métiers disponibles, seules huit familles peuvent tisser simultanément.
Les broderies


Les broderies sont faites au point de Fès. La broderie de Fès, c’est l’équivalent marocain du point de croix, un art que toutes les petites filles apprennent. Sa particularité est d’être identique sur le recto et le verso, quand le travail est bien soigné. On la retrouve partout, sur les vêtements, le linge de table, les parures de lit, les coussins et les tentures utilisés pour la décoration des fêtes de mariage … Le plus souvent monochrome, ou dans un dégradé de teintes, on la trouve aussi dans des couleurs vives.
Les broderies d’Agouim sont faites en pur coton, fils DMC sur tissu épais à la trame serrée, qui donne un motif très régulier et un linge solide.
Des sets de table
Par 6, avec des motifs dans des dégradés de la même teinte. Vous pouvez aussi prendre des serviettes assorties. Sur commande, il est possible de réaliser des assortiments de teintes variées. Dimensions : 33 * 50 cm
Des pochettes cadeau
Pour accompagner un bijou, ou tout autre petit cadeau, à remplir de lavande ou d’un pot-pourri fait maison, des petites pochettes de tailles variées, fermés par un galon assorti à la couleur de la broderie.

Les couleurs montrées dans les photos ne sont pas les seules possibles, bien sûr.
Les articles sont généralement aussi disponibles en vert, rouge, bleu ou jaune.
Les femmes de la coopérative
La coopérative d’Agouim compte environ 200 coopérantes. Dans chaque famille, plusieurs femmes peuvent travailler, même si une seule d’entre elles est membre de la coopérative.
Faute de métiers à tisser, seules 8 familles peuvent tisser simultanément. En revanche, la broderie se pratique tout le temps, en groupe, à la maison, sur un tabouret devant la boutique du père ou du mari… La coopérative estime qu’environ un millier de personnes travaillent à un moment ou un autre pour elle.
Trésorière.
Mariée, trois filles
Vice-présidente
Mariée, 4 filles et 1 garçon
Présidente
Mariée, une fille
Vice-trésorière et conseillère
Mariée, 2 garçons et une fille
Coopérante
Célibataire
Coopérante.
Mariée, 3 garçons et 2 filles
Coopérante
Célibataire
Ou acheter les produits de la coopérative ?
Les broderies de Fès
Elles peuvent être achetées par correspondance, dans des salons ou sur place.
Les tapis marocains sont disponibles uniquement sur place
A Agouim, vous trouverez des kilims (mergoum en berbère), et des tapis tissés et noués. Avec la même technique, les femmes font aussi des enveloppes de coussin, assorties, et des tentures que vous pouvez utiliser comme rideau. Selon leur taille et la complexité de leurs motifs, leur prix varie de quelques dizaines à quelques centaines d’euro.
Se rendre à Agouim
Même si le petit village d’Agouim n’a rien de remarquable, il peut être un point de départ pour une randonnée pédestre dans le massif de l’Atlas. Les guides Gandini donnent aussi un circuit passant par Agouim. Et puis il vous est aussi facile d’y passer dans le cadre d’une excursion à partir de Ouarzazate, par exemple en allant visiter Télouet.
2006 – 2021 : la coopérative fonctionne toujours
Cet article a été écrit en 2006, suite à un voyage fait sur place avec l’association MCA et le père Joguet, du diocèse de Rabat.
En effet, le départ des franciscain-e-s, qui s’occupaient de la commercialisation, posaient de grosses difficultés aux femmes : obligées de prendre en charge cette activité, elles n’en avaient pas les moyens, pour des raisons de langue, souvent, mais aussi culturelle : si les femmes berbères peuvent aller au marché pour vendre leurs produits, elles ne se déplaceront pas dans tout le Maroc.
Il y avait d’ailleurs aussi à Agouim une coopérative pour les hommes, essentiellement de menuiserie, confrontée aux mêmes types de difficultés, mais les hommes arrivaient à se débrouiller.
A l’époque, le site de notre agence de voyage, Mezgarne, avait une boutique en ligne. Nous nous étions rendus sur place pour faire la connaissance des femmes et la promotion de leurs produits. Puis des stagiaires, des coopérants ont repris le flambeau, les sites webs se sont multipliés, la coopérative a continuer a vivre.
La stabilisation avec Amnougar
Amnougar est une association basée à Ouarzazate (il faudra que je vous en parle un jour), qui forme des jeunes handicapés à des métiers d’artisanat. Elle a pris en charge la commercialisation des produits d’Agouim, et les aide à organiser leurs exposition, une à deux fois par an, quand le Covid leur en laisse la possibilité !
Pour contacter la coopérative d’Agouim
Vous pouvez les contacter via leur page Facebook, qui donne les détails et numéros de téléphone, et montre des photos des produits, qui se sont diversifiés.
A côté des motifs traditionnels, la coopérative propose aussi des motifs plus simples, qui peuvent se vendre à plus petit prix, plus facilement.
La coopérative et Agouim ont été très touchés par le tremblement de terre
En particulier le mur de la coopérative a été détruit.
Plus de détails sur le blog de l’association MCA.
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