L’automne a longtemps été ma saison préférée. L’été me paraissait un peu ennuyeux, avec ses grands ciels bleus sans nuage, ses activités balnéaires quotidiennes, l’éloignement de mes copines aussi.
J’avais plaisir à rentrer à Paris, à aller jouer avec les feuilles mortes et me faire à nouveau inviter par ma grand-mère dans son salon de thé préféré, avec un feu de bois dans la cheminée et un bon gâteau que j’avais du mal à choisir.
Ensuite, je suis partie vivre pendant quelques années dans des contrées « mittel-européennes », je me suis rapidement mise à détester l’automne qui m’annonçait un hiver long, froid, humide, enneigé qui se traînait facilement jusqu’à avril. Les jours devenaient effroyablement courts, l’automne arrivait trop vite, était trop court.
Depuis que j’habite au Maroc, l’automne est redevenu ma saison préférée. Il est totalement différent des automnes de mon enfance. Il arrive après un été beaucoup plus long, qui commence à dessécher les herbes et brûler la terre au mois de mai, quand se font les récoltes. Quand on vit depuis longtemps au Maroc, on se sent particulièrement déphasé par rapport au cycle des saisons qu’on avait connu en Europe.

Il y a quelques jours, j’étais à Casablanca, en fin d’après-midi, au bord de la plage. La lumière du soleil couchant était dorée. Je venais de passer devant un panneau qui m’indiquait 31°. J’étais tranquillement en TShirt, et mes voisins aussi.
En surfant, je voyais la météo en France, les annonces de mauvais temps, de neige en montagne, de pluie… et je savourais tout particulièrement mon farniente !
Mais il n’y a pas que l’écart de température qui joue. Plus on descend vers l’équateur, moins les saisons sont marquées, c’est déjà nettement le cas ici par rapport à la France. Comme le Maroc est « un pays froid où le soleil est chaud« , nous avons de véritables hivers, tout particulièrement dans les montagnes de l’Atlas, où la neige peut tomber de façon importante.
Ici, l’automne passe en douceur, et se signale plutôt par un reverdissement qu’autre chose. Ici, sauf dans la frange nord du pays, pas de chutes de feuilles mordorées, beaucoup d’arbres restent verts toute l’année, les bougainvilliers, les jacarandas restent en fleur parfois toute l’année. Une partie de la végétation a brûlé pendant l’été, et tout ce qui n’est pas arrosé a déjà viré au jaune paille largement avant l’arrivée de l’automne.

C’est pourquoi l’arrivée des pluies d’automne, ou tout simplement la diminution du soleil donne un « automne vert ».
Les différences de températures sont moins importantes aussi. Si la température chute rapidement après le coucher du soleil, et encore plus en montagne et dans le désert, en journée, notre soleil nord-africain est toujours très chaud. Et il faut bien avouer que le soir, en plein mois de novembre, il suffit souvent d’un petit pull pour se sentir bien en terrasse.
Curieusement, alors que nos clients viennent pour oublier la grisaille et faire le plein de soleil avant le cœur de l’hiver, on se plait à rêver de froid, de vêtements chauds, de retrouver le plaisir de s’emmitoufler dans une écharpe, des moments de cocooning au coin du feu, on regrette la vue de la campagne blanchie par le givre…

Chacun le vit à sa façon. Mes deux coups de nostalgie du pays viennent à l’automne, et au moment de Noël, que je ne fêtais pas vraiment, mais dont j’aimais l’ambiance omniprésente. Certains français installés au Maroc se cherchent des vacances à la neige, à l’inverse !
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